Publié par CEMO Centre - Paris
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Liban : John Achkar, la révolution par la reconstruction

lundi 12/octobre/2020 - 11:07
La Reference
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Située au cœur du quartier de Geitaoui, à Beyrouth, une station-­service désaffectée est devenue le QG des volontaires. Sous son auvent brinquebalant, canapés, chaises et tables à tréteaux ont été disposés pour permettre de distribuer l’aide. L’arrière de la boutique a été transformé en cuisine et une sorte d’immense four à pizza vient d’arriver. Sur une banderole en tissu, John Achkar et ses amis ont écrit le nom qu’ils ont donné à leur lieu de rassemblement : « Nation Station ». Car « si on peut reconstruire un immeuble tout seuls, sans l’État, alors nous aurons montré que nous pouvons aussi reconstruire le pays ».

Avant l’explosion du 4 août qui a ravagé le port de Beyrouth et plusieurs quartiers de la ville, dont Geitaoui, ce long jeune homme blond, âgé de seulement 29 ans, jouait déjà sur plusieurs tableaux : consultant en entreprise et gérant de l’entreprise familiale de gadgets et jouets, il est également comédien et s’est fait connaître grâce à ses spectacles de stand-up.

Depuis, il a encore rajouté des cordes à son arc : cofondateur de « Nation Station » et coordinateur de deux projets nés là, dans les premières heures de la catastrophe, « Génération Nylon » pour bâcher de plastique les vitrines et fenêtres éventrées, puis « Rise Up Lebanon » pour aider les petits commerçants à rouvrir leur boutique.

Génération nylon

Le soir même de l’explosion, il est venu visiter Joséphine et Mazen, un couple d’amis d’enfance restés dans le quartier dont lui-même s’était éloigné de quelques kilomètres, pour leur demander de quoi ils avaient besoin. Ils lui ont demandé des bâches. « À plusieurs on s’est démenés pour trouver des fonds et, en quatre jours, on a fourni des toiles de plastique à 4 000 familles », raconte John Achkar entre deux boutiques dévastées.

« Nos parents se sont moqués de nous et nous ont appelés ”Génération Nylon” ». Et c’est en voyant son oncle coiffeur, complètement abattu devant sa boutique, qu’il a mesuré la nécessité de cibler en priorité artisans et commerçants, nombreux dans ce quartier mixte et plutôt populaire du centre de Beyrouth.

 

La plupart des volontaires qui s’affairent à « Nation Station » ne se connaissaient pas il y a un mois. Mais beaucoup ont déjà travaillé avec des ONG, pendant l’afflux des réfugiés syriens en 2012-2013, voire – comme John lui-même – dès 2005, pour aider les victimes du conflit israélo-libanais. « On a les méthodes », assure le jeune consultant, passé par plusieurs universités étrangères.

Trouver une activité génératrice de revenus

La distribution de nourriture à tout-va les premiers jours a cédé la place à un « audit » des besoins précis, sur la base de « critères de vulnérabilité » (nombre et âge des membres de la famille, existence d’un revenu, etc.). Les longs entretiens menés avec chacun sont aussi un moyen d’écouter les affligés, de les aider à envisager l’avenir.

Chacun est invité à trouver une activité génératrice de revenus, même les plus âgés qui peuvent « fabriquer des conserves ou du yaourt, auxquels nous assurerons un débouché dans les épiceries du quartier »« Nous devons réussir à créer un écosystème soutenable », résume le jeune homme, entouré de poubelles de tri plutôt rares au Liban.


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