Libye : la NOC annonce la levée de l'état de force majeure et la reprise de la production sur un champ pétrolier majeur
La Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) a annoncé dimanche la levée de l'état de force majeure permettant la reprise de la production pétrolière à al-Charara, un champ pétrolier majeur, après plus de 9 mois d'arrêt.
La Libye, qui dispose des réserves les plus abondantes d'Afrique, est déchirée par un long conflit entre pouvoirs rivaux, avec le GNA d'un côté, et de l'autre, le maréchal Khalifa Haftar qui règne sur l'Est et une partie du Sud, mais notamment les zones où se trouvent les principales installations pétrolières.
Al-Charara, dans la région d'Oubari (900 km au sud de Tripoli), produit en temps normal 315 000 barils par jour, sur une production nationale de plus d'un million de barils par jour, selon la NOC. Il est géré par la société Akakus, une joint-venture entre la NOC, l'Espagnol Repsol, le Français Total, l'Autrichien OMV et le Norvégien Statoil.
La NOC a annoncé "la levée de la force majeure à compter du dimanche 11 octobre 2020", et donné ses instructions à la compagnie Akakus, l'opérateur du champ, pour "initier la production", a-t-elle indiqué dimanche. La "force majeure", invoquée dans des circonstances exceptionnelles, permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole.
Dans un communiqué sur son site, la NOC a fait savoir qu'elle a conclu "un accord d'honneur" avec les groupes armés qui occupaient le site afin qu'ils "lèvent tous les obstacles" et évitent tout acte menaçant la sécurité des personnels et des opérations. Le site avait été bloqué à plusieurs reprises par les Gardes des installations pétrolières (GIP), ayant fait allégeance au camp du maréchal Haftar.
Le 18 septembre, le maréchal Haftar, qui a tenté sans succès pendant 14 mois de conquérir Tripoli, a accepté de lever le blocus imposé sur les sites pétroliers pour dénoncer une répartition inéquitable des recettes entre l'Ouest et l'Est.
La NOC, qui a déploré près de 10 milliards de dollars (8,5 milliards d'euros) de pertes à cause du blocus, avait exigé le départ des groupes armés avant la reprise de la production sur des sites "sûrs". Samedi, l'ONU a annoncé la reprise début novembre en Tunisie du dialogue politique inter-libyen pour un règlement de la crise dans ce pays, en proie aux violences et au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.