Un jihadiste français expulsé de Turquie mis en examen
Un jihadiste français, Othman Garrido, expulsé de Turquie lundi, a été mis en examen vendredi pour "assassinat" lors de son séjour dans la zone irako-syrienne et placé en détention provisoire, a appris l'Agence France-Presse (AFP) auprès du parquet national antiterroriste (Pnat).
Othman Garrido, âgé de 26 ans, qui se faisait appeler "Abou Salman al Faransi", est considéré par la justice antiterroriste comme un acteur et un témoin important de la sphère jihadiste française.
Il a été mis en examen pour un "assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle", faits commis lors de son séjour dans les zones tenues par les jihadistes qu'il a rejointes dès 2012, selon le Pnat. Il a été placé en détention provisoire par un juge des libertés et de la détention à l'issue de sa garde à vue entamée lundi, a précisé le parquet antiterroriste.
"Il est susceptible d'être impliqué dans d'autres assassinats qui font déjà l'objet d'une autre instruction", a par ailleurs indiqué le Pnat.
"On lui reproche des assassinats commis dans la zone irako-syrienne sur la base de photographies d'exactions qui ont été retrouvées sur lesquelles il apparaît", a-t-il précisé. Il s'agit en tout de trois assassinats commis lors de son séjour, mais dont la date n'a pu être déterminée par les enquêteurs. L'homme, qui a grandi à Montpellier, était visé depuis 2016 par un mandat d'arrêt.
Expulsé dans le cadre du "protocole Cazeneuve"
Capturé en juillet dernier par les forces de sécurité turques près de la frontière avec la Syrie, il a été expulsé dans le cadre du "protocole Cazeneuve". Cet accord de coopération policière, du nom de l'ex-ministre de l'Intérieur français Bernard Cazeneuve, signé en 2014 par Paris et Ankara, permet d'intercepter à leur retour les jihadistes français aux mains des autorités turques.
En avril 2017, une cour d'assises des mineurs l'avait condamné en son absence à quinze ans de réclusion criminelle pour avoir rejoint les rangs du groupe État islamique en Syrie, participé à des entraînements et des combats sur place et exhorté les musulmans de France à commettre des actions violentes.
Dans une vidéo de 7 minutes, diffusée en novembre 2014 par la branche médiatique de l'EI, Othman Garrido avait appelé à tuer les "mécréants" après avoir brûlé son passeport français. Deux autres compatriotes, surnommés Abou Ousama al Faransi ("père d'Osama, le Français"), Abou Maryam al Faransi, étaient à ses côtés.
Quatre autres membres de sa famille - ses parents et deux de ses frères, aussi partis en Syrie - avaient également été condamnés lors de ce procès à des peines de dix et quinze ans de prison. On ignore s'ils sont toujours vivants.