Financement du terrorisme : le Qatar à l’offensive pour redorer son image
Un an après le blocus imposé par l’Arabie saoudite et ses alliés contre l’émirat pour soutien supposé au terrorisme, ce dernier affine sa défense. Dans des entretiens accordés à Jeune Afrique, des officiels qataris expliquent comment leur pays a fait face au terrorisme.
Le 5 juin 2017, éclate la crise du Golfe. Une coalition dirigée par l’Arabie saoudite (Émirats arabes unis, Bahreïn et Égypte) annonce la rupture de ses liens diplomatiques avec le Qatar voisin et lui impose un blocus aérien, le soupçonnant de soutenir des groupes terroristes. Cette crise, qui a jeté son spectre sur d’autres régions du monde y compris sur l’Afrique – plusieurs pays ont gelé leurs relations avec le Qatar -, ne semble pas s’acheminer vers une sortie et continue encore de peser la géopolitique régionale. Les quatre pays à son origine ont transmis au Qatar une liste de 13 exigences, auxquelles le petit émirat devait se plier dans les dix jours – ce qu’il n’a pas fait.
Pas moins de trois de ces demandes concernent le financement et le soutien supposés du Qatar au terrorisme. L’émirat est sommé de rompre tous liens avec les « organisations terroristes idéologiques et sectaires, particulièrement les Frères musulmans, l’État islamique, al-Qaïda, HTS Hayy’at Tahrir al-Sham (ex-Jabhat al-Nosra) et le Hezbollah libanais » ; de déclarer formellement que ces entités sont des groupes terroristes ; de stopper par tous moyens le financement d’individus, groupes ou organisations qui ont été désignés comme groupes terroristes par l’Arabie saoudite, les Émirats, l’Égypte, le Bahreïn, les États-Unis et les autres pays ; et de livrer les terroristes et les personnes recherchées par l’Arabie saoudite, les Émirats, l’Égypte, le Bahreïn à leurs pays d’origine, bloquer leurs avoirs, apporter toute information nécessaire sur leur lieu de résidence, leurs finances et leurs mouvements, et renoncer à en accueillir d’autres dans le futur.
La défense qatari
Interrogé par Jeune Afrique, Saif bin Ahmed Al Thani, directeur du Government communications office (GCO) qatari, se défend : « Toutes ces allégations [de financement et d’entretien de groupes terroristes] sont fausses. Et ces accusations nous ont surpris à vrai dire. Nous avons eu plusieurs réunions avec les membres du Conseil de coopération du Golfe, quelques jours avant l’annonce du blocus. Et l’une d’entre elles était spécifiquement consacrée à la lutte contre le terrorisme. Rien de ce dont on accuse aujourd’hui le Qatar n’a été évoqué. Tout était normal. Mais nous comprenons qu’ils aient besoin de justifier leur blocus. Ils cherchent aujourd’hui à ternir notre réputation au sein des opinions publiques. »