Tunisie : accord de coopération militaire signé avec le chef du Pentagone
L'accord signé mercredi par le chef du Pentagone Mark
Esper l'a été à l'occasion de la première visite de celui-ci sur le
continent africain. Il souligne un rapprochement pour faire face à la
dégradation de la sécurité en Libye. Portant sur dix ans, il est une manifestation concrète
du rôle des États-Unis auprès de l'armée tunisienne qui s'est développé
ces dernières années. Cela concerne notamment les domaines de la formation et
de l'équipement pour la lutte antiterroriste, mais aussi le renforcement de la
sécurité à la frontière avec la Libye voisine. « Nous nous réjouissons
d'approfondir cette relation afin d'aider la Tunisie à protéger ses ports et ses frontières et à faire
reculer le terrorisme », a déclaré M. Esper après avoir rencontré le
président tunisien Kaïs Saïed. L'objectif est de faire face « aux
extrémistes violents qui représentent une menace », mais aussi « à
nos concurrents stratégiques la Chine et la Russie », a-t-il ajouté devant les tombes
de soldats américains tombés en Afrique du Nord.
Forte
discrétion sur les questions d'espace aérien et de base militaire
L'accord signé mercredi, une feuille de route dont le
contenu n'a pas été détaillé, court sur dix ans afin d'établir une relation
longue permettant d'assurer la formation et l'après-vente en cas de cession
d'armement sophistiqué, indique-t-on dans l'entourage de M. Esper.
L'utilisation de l'espace aérien tunisien n'a pas été évoquée mercredi et le
déploiement d'une base permanente n'est pas considéré comme acceptable par la
Tunisie, a indiqué une autre source américaine. Face aux réticences de la
population tunisienne, les autorités ont maintes fois démenti la présence de
bases américaines en Tunisie. Mais la présence d'un escadron américain chargé
d'opérer des drones au sein d'une base tunisienne à Bizerte avait été confirmée
lors d'un procès en cour martiale en 2017 aux États-Unis, dont la
presse spécialisée américaine s'était fait l'écho. « Il y a eu un regain
d'intérêt » des États-Unis pour la Tunisie et le Maroc, deux partenaires de longue date, « car la région
est devenue plus stratégique ces dix dernières années » avec la montée en
puissance des groupes djihadistes en Libye et dans le Sahel, indique le
politologue tunisien Youssef Cherif. « Mais la Tunisie ne semble pas avoir
donné son aval (aux États-Unis) pour utiliser son espace aérien et son
territoire afin de mener des attaques », affirme-t-il à l'AFP.