Le rapprochement soudano-égyptien laisse augurer d’un divorce imminent entre Doha et Khartoum
Mohammad ad-Dabuli
Après une période de tensions aiguës entre les deux pays,
l’année 2018 a vu un rapprochement entre l’Egypte et le Soudan sur beaucoup de
questions, le litige à propos de Halayeb et Chalatin passant dorénavant au
second plan.
Les motifs du rapprochement sont divers. Il faut citer en
particulier les évolutions en cours dans la Corne de l’Afrique et l’ouverture
politique de l’Ethiopie sur les pays voisins dont l’Erythrée, et la
résolution de leurs problèmes frontaliers. Notons que l’Arabie saoudite et les
Emirats ont joué un rôle essentiel dans ces arrangements stratégiques.
D’autre part, le Soudan est depuis 1997 sous le coup des
sanctions américaines, ce qui a causé des préjudices à son économie. En octobre
2017, après une intervention saoudienne, une partie des sanctions a été levée,
mais le Soudan reste inscrit sur la liste américaine des pays parrainant le
terrorisme, ce qui signifie la continuation de l’embargo sur les aides
étrangères et les armes.
Tout cela devrait encourager le Soudan à prendre ses
distances avec le Qatar et à se rapprocher de l’Egypte, de l’Arabie saoudite et
des Emirats. Cela s’est déjà manifesté par des mesures importantes comme le
fait pour Khartoum de demander au début de l’année 2018 aux dirigeants des
Frères de quitter au plus vite le pays, après être resté le premier refuge du
Groupe depuis 2013. De son côté, le Qatar voit avec inquiétude ces évolutions
récentes dans la Corne de l’Afrique, qu’il considérait jusqu’alors comme son
arrière-cour.