Publié par CEMO Centre - Paris
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Le Liban et le combat contre l'« esclavage contemporain »

vendredi 18/septembre/2020 - 12:16
La Reference
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Le 4 août dernier, deux explosions entraînent le Liban dans une période d'incertitude. Après le temps des mots et des tweets est venu celui des actes. Le président Emmanuel Macron se présente alors comme chef de file de l'aide internationale. Plus d'un mois après les explosions dévastatrices à Beyrouthun incendie est venu ralentir l'aide internationale, le moment peut-être pour nous d'interpeller sur l'« esclavage contemporain » qui sévit au Liban et dans une partie du monde arabo-musulman.

L'« esclavage contemporain », un dévoiement de la kafala

Depuis 2014, le Liban et d'autres pays arabes se retrouvent à la une de la presse pour des cas de maltraitance envers le personnel de maison, ce sont essentiellement des femmes. Malgaches, Sri Lankaises, Philippines, Camerounaises, Bangladeshies, Éthiopiennes et tant d'autres se retrouvent prises au piège de la kafala [procédure d'adoption spécifique au droit musulman qui correspond à une tutelle sans filiation, NDLR]. Un système de parrainage entre les femmes de ménage et gouvernantes passé avec des familles libanaises. Se trouvant hors du champ d'application du droit du travail libanais, cet accord laisse ces expatriées à la merci de leurs employeurs. C'est une pratique répandue auprès de toutes les couches de la société, décrite comme de l'« esclavage contemporain ». Issue du droit coranique, cette notion est initialement une forme d'adoption sans transfert de biens pour protéger la prise en charge des abandons d'enfants mineurs en facilitant le transfert de droits parentaux des "nouveaux parents". Elle se pratique de cette manière en Algérie et au Maroc, c'est donc d'une notion juridique dévoyée dont on parle.

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On parle ici de viol et parfois même de prostitution, de menace de mort, de privation de repas et de confiscation de papiers et, bien évidemment, de coups parfois à mort dénoncés déjà dans un rapport d'Amnesty International de 2019. Ne soyons pas dupes, tout cela est alimenté par un système mafieux de trafic d'êtres humains impliquant parfois des fonctionnaires étrangers non libanais. On estime à plus de 250 000 les domestiques provenant d'Afrique et d'Asie (en 2019). Ces femmes partent donc vivantes et reviennent parfois dans un cercueil. Peut-on vraiment continuer à fermer les yeux ?


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