Publié par CEMO Centre - Paris
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En Libye, l’émergence d’une société civile protestataire rebat les cartes politiques

jeudi 17/septembre/2020 - 11:36
La Reference
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Ce sont des scènes auxquelles les Libyens n’avaient plus assisté depuis bien longtemps. Cortèges de manifestants, banderoles déroulées et slogans criés contre la corruption, le coût de la vie ou la défaillance des services publics : ces images d’une société civile en plein réveil sont en train de se substituer aux clichés de milices surarmées qui ont tant contribué à façonner la réputation extérieure d’une Libye réduite à ses seules convulsions militaires. Depuis le 23 août, des protestations – principalement de jeunes gens – ont éclaté à Tripoli, Misrata et Zaouïa, en Tripolitaine (ouest), avant de s’étendre à Benghazi, Tobrouk ou Al Marj, en Cyrénaïque (est).

Si certains groupes armés sont intervenus pour tenter de mater le mouvement – Human Rights Watch (HRW) a dénoncé 24 arrestations à Tripoli entre le 23 et le 29 août, tandis que la mission des Nations unies pour la Libye a déploré la mort d’un manifestant à Al Marj le 12 septembre –, ces mobilisations ont pu se déployer avec une aisance relative tant les mots d’ordre des marcheurs recoupent les préoccupations de la population. Un nouveau courant d’opinion semble ainsi émerger en Libye, en rupture avec les acteurs politico-sécuritaires qui ont fait main basse sur le pays depuis son enlisement dans la guerre civile à partir de 2014.

Ses griefs sont principalement de nature socio-économique – pénurie d’eau, d’électricité et de biens de consommation, inflation, etc. –, mais la mauvaise gouvernance dénoncée pose en filigrane la question de la confiscation du pays par un cartel de milices et les réseaux politiques associés tant à l’ouest qu’à l’est. « Au-delà des microclimats et des contextes locaux, les dynamiques de fond sont communes, analyse Virginie Collombier, chercheuse à l’Institut universitaire européen de Florence. Ces mouvements sont dirigés contre les élites politiques, qui, absorbées par leurs jeux de pouvoir, sont incapables de fournir à la population les services de base. »


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