Publié par CEMO Centre - Paris
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Recep Tayip Erdogan pousse ses pions jusqu’à Dakar

mardi 08/septembre/2020 - 10:25
La Reference
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La Turquie étend son influence au Sénégal, dans une logique de « partenariat gagnant-gagnant », qui permet au président turc de se construire une image favorable en Afrique.

Sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan, la Turquie est devenue un acteur incontournable du commerce sur le continent africain, particulièrement au Sénégal. Le pays est devenu pour Ankara en quelques années une « tête de pont dans le développement des relations commerciales » en Afrique de l’Ouest, selon la politiste Gabrielle Angey 

Position géographique, stabilité politique et perspectives économiques encourageantes ont poussé la Turquie à soigner sa relation avec Dakar. Depuis 2013, le président turc y a effectué quatre visites, dont la dernière en janvier. Recep Tayyip Erdogan met en avant la coopération Sud-Sud, un « partenariat gagnant-gagnant », selon lui. Son discours aux accents anti-impérialistes sonne doux aux oreilles des dirigeants africains.

À chacune de ses visites, une délégation d’hommes d’affaire turcs l’accompagne. Le plan Sénégal émergeant (PSE) du président Macky Sall – une stratégie décennale pour 2014-2023 – constitue pour eux une aubaine. L’aéroport international, un centre de conférence, le stade Dakar Arena ont ainsi tous été confiés aux entreprises turques Summa & Limak. En 2018, 29 projets ont été réalisés – ou sont en cours de réalisation – par des entreprises turques, pour un montant de plus de 460 milliards de FCFA (plus de 700 millions d’euros).

L’influence de ces entrepreneurs augmente vite et dans de nombreux domaines : ferroviaire, agrobusiness, énergie… L’ouverture de liaisons aériennes Turkish Airlines en Afrique a facilité les rapprochements. La hausse des flux commerciaux entre les deux pays a suivi. En 2018, le volume des échanges était de 250 millions de dollars (210 millions d’euros), et le gouvernement turc ambitionne de le porter à 400 millions (360 millions d’euros).

« L’économie est la pierre angulaire de la politique étrangère turque,poursuit Gabrielle Angey. Les acteurs privés sont partie prenante de l’expansion de la puissance turque. Ils agissent pour permettre le rapprochement. » De fait, la balance commerciale penche très largement côté turc. En 2017, les exportations vers le Sénégal s’élevaient à 224 millions de dollars (190 millions d’euros), tandis que ses importations depuis le Sénégal étaient d’environ 5 millions de dollars (4 millions d’euros).

Influence par la politique culturelle et de coopération

La politique culturelle, basée sur des affinités culturelles, sociales et religieuses, fait aussi partie de cette stratégie d’influence. Après la fermeture du réseau éducatif du prédicateur Fethullah Gülen, jugé responsable de la tentative de coup d’État de juillet 2016, le gouvernement turc en a transféré la gestion à la Fondation Maarif. Encouragés par des bourses, de plus en plus d’étudiants sénégalais vont dans des universités turques.

« Les opportunités d’emploi sont nombreuses, le coût de la vie moindre et l’éducation de qualité. L’intégration est très facile, grâce à une culture commune musulmane », rapporte Mamadou Saliou Sow, ancien étudiant en master de management à l’université Atatürk d’Istanbul, secrétaire de l’Association des Sénégalais diplômés de la Turquie (Asedit).

Sur le plan de la coopération, l’agence de développement Tika permet à Ankara de participer largement au développement du Sénégal avec le financement de projets sociaux. Comme de nombreuses associations et ONG turques, l’association religieuse La voix de la charité agit depuis 2010 dans l’éducation, l’accès à l’eau et l’aide aux plus démunis. Pour Gabrielle Angey, « cette aide permet defaçonner une image positive de la Turquie ».

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