Erdogan à la conquête de l'Afrique
Soucieux de redonner à la Turquie sa place dans le monde, ainsi que d'aider le business turc à décrocher des marchés, le président Recep Tayyip Erdogancoordonne une vase offensive diplomatico-économique en Afrique de l'Ouest et au Maghreb. Pour arriver à ses fins, le pouvoir turc mobilise notamment le pouvoir religieux.
Les études récentes de la politique étrangère turque la présentent comme plus indépendante et plus ambitieuse. Depuis l’arrivée au pouvoir en 2002 du parti pour la justice et le développement (Adalet ve Kalkınma Partisi – AKP), la Turquie a entre autres assuré le secrétariat général de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), rejoint le G-20 et occupé un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Outre la ligne pro-occidentale suivie à la fin des années 1940, la Turquie recherche des opportunités économiques et stratégiques en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique.
S’il est nouveau, l’engagement turc en l’Afrique dont les jalons n’ont été jetés qu’à la fin des années 1990 tend à se développer rapidement. S’appuyant sur une rhétorique « de solidarité et de partenariat pour un futur commun », l’équipe dirigeante turque affirme vouloir contribuer à la stabilité, au développement et la prospérité du continent
Historiquement, les contacts entre la Turquie et l’Afrique remontent à l’époque de l’Empire ottoman (1290-1919). Acteur prépondérant de la géopolitique eurasiatique, ce dernier avait également étendu ses provinces en Afrique septentrionale, hors Maroc. Dès avant la naissance de l’État ottoman, les Mamelouks turcs s’étaient installés au Caire en 1250 et ils y demeurèrent jusqu’à ce que le sultan ottoman Selim Ier s’en empare l’année 1517