Publié par CEMO Centre - Paris
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« Au Mali, la France est encore et toujours dans le déni face aux réalités sahéliennes »

vendredi 28/août/2020 - 02:17
La Reference
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En suivant en direct la mutinerie au Mali qui a conduit à la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », je me souvenais d’une note que j’avais rédigée en octobre 2011 au retour d’une mission à Bamako. J’y avais donné mon sentiment sur l’état de déliquescence du régime malien en considérant que le pays était au bord du précipice.

A l’époque, un collègue diplomate m’avait répondu en disant que je faisais du pessimisme mon fond de commerce. Six mois plus tard, le président Amadou Toumani Touré, dit « ATT », était renversé par des militaires partis de Kati et le Mali plongeait dans une crise dont on ne voit toujours pas l’issue. J’ai pensé alors que la France était enfin sortie du déni. Je me suis trompé.

Il y a trois semaines, j’échangeais des messages avec l’un des tout proches du président « IBK ». Il me demandait conseil. Je lui ai écrit que la malédiction du Mali depuis de nombreuses années était le déni face à la réalité. J’aurais pu écrire la même chose si j’avais échangé avec un officiel français. Le drame de la France c’est, encore et toujours, le déni face aux réalités sahéliennes.

Kidal, péché originel de la France

La France est intervenue militairement au Mali en 2013 pour stopper l’avancée des troupes d’Ansar Dine dirigé par Iyag Ag Ghali. J’ai déjà écrit qu’il s’agissait d’une décision pragmatique et courageuse de la part de François Hollande. L’opération « Serval » a été rondement menée et a permis de faire reculer les groupes armés dits djihadistes aux confins du Mali, pendant que l’armée régulière reprenait possession de la partie septentrionale, à l’exception notable de Kidal laissée aux séparatistes touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).

Là se trouve le péché originel de la présence militaire française, une ambiguïté à tout le moins, voire une compromission, avec les groupes armés touareg réclamant l’indépendance de l’Azawad. Je n’ai jamais compris la fascination d’une partie de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et de l’armée française pour ces groupes armés touareg qui prétendaient être disposés à lutter contre les groupes dits djihadistes en échange d’un soutien en faveur de l’indépendance de l’Azawad.

C’était oublier que l’offensive militaire contre l’armée malienne en 2012 avait été lancée par le MNLA et que c’est le ralliement des groupes dits djihadistes à cette offensive – en particulier Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali – qui a provoqué la déroute totale de l’armée malienne. Comment la France pouvait donc prétendre sauver l’intégrité territoriale du Mali en affichant une proximité avec le MNLA, ennemi de l’Etat malien ?

 


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