Publié par CEMO Centre - Paris
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La vente sous le manteau de F-35 aux Emirats, condition de l’accord de paix avec Israël ?

vendredi 28/août/2020 - 02:13
La Reference
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Les bonnes relations politiques et économiques entre les Etats-Unis et les Emirats arabes unis (EAU) ne datent pas d’hier, mais elles ont pris une tout autre dimension depuis l’accession de Donald Trump à la Maison-Blanche en 2016. Le prince héritier d’Abu Dhabi Mohammed Ben Zayed, qui auparavant entretenait des relations privilégiées avec l’homme d’affaires Trump, est parvenu, après l’élection de ce dernier, non seulement à imposer son poulain Mohammed Ben Salmane comme prince héritier du royaume allié d’Arabie saoudite, mais aussi à faire accepter l’isolement du Qatar au sein des pays du Golfe en lui collant l’étiquette sparadrap de « soutien au terrorisme ». Mais au-delà du président Trump, et pour des raisons facilement compréhensibles, c’est son gendre Jared Kushner qui a poursuivi le travail et officié dans l’ombre de son beau-père pour renforcer davantage encore la coopération entre les deux pays, quitte à franchir parfois la ligne rouge.

La trahison d’Abraham

Dernière révélation en date venant de CNN : Kushner, qui ne le nie pas, a largement été impliqué dans la négociation avec Abu Dhabi pour l’achat d’armes de très haute technologie, notamment des avions de combats furtifs F-35, ceux-là même qu’utilise Israël, et des drones de haut vol. Problème : normalement, les Etats-Unis ne sont pas autorisés à vendre un tel armement à des alliés traditionnels des Occidentaux sans l’accord du Congrès et par un passe-droit.

Le gendre du président affirme pourtant que les négociations ont été menées par Miguel Correa, le directeur général du National Security Council (NSC) pour le Moyen-Orient. Quand bien même, le commerce de tels équipements militaires devrait faire l’objet, selon la Constitution américaine, d’un examen minutieux du Congrès. Mais les agences concernées et les différents comités du Congrès qui ont finalement eu vent de l’opération ont protesté en vain contre leur éviction dans le processus de décision, ce qui constitue un cas flagrant de violation de la loi. Le bureau du département d’Etat qui gère les ventes d’armes n’a pas été officiellement informé d’une demande d’achats des Emirats, qui est nécessaire pour déclencher un processus d’examen formel, ont déclaré des responsables du département d’Etat à CNN.

« L’accord du siècle » de Trump au Proche-Orient, un plan de paix aux bases fragiles

Cela signifie donc que, non seulement Jared Kushner blacklistait le Qatar, qui lui a refusé en 2017 un prêt pour sauver l’un des immeubles de la Kushner Companies, l’empire immobilier fondé par son père Charles, mais qu’en plus, par la suite, il contournait l’Etat et la Constitution pour mieux se rapprocher d’Abu Dhabi. Au nom de l’intérêt national ? Pas tout à fait. Entendons bien qu’en plus d’arrangements particuliers, la tradition du Golfe dans ce genre de deal classique est la suivante : 15 à 30 % de commissions sont reversées sur les ventes d’armes pour les familles régnantes d’une part, dont une partie, totalement illégale bien sûr, revient en rétrocommissions au vendeur (hommes politiques, management des sociétés d’armements qui passent par des montages financiers hypercomplexes). Lors d’une conférence de presse, mercredi 19 août dernier, Donald Trump a déclaré que la vente potentielle était en réalité encore « en cours d’examen », alors que deux responsables du Département d’Etat et plusieurs assistants du Congrès protestaient contre l’opération clairement cornaquée par Jared Kushner. Pour Trump, aucun problème ne semble se poser, même pour un tel matériel de haut niveau, du moment qu’Abu Dhabi a les moyens de payer la facture.

 


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