En Libye, des jeunes osent reprendre la rue sans passer par les armes
A Tripoli, des centaines de manifestants
défilent depuis plusieurs jours contre la corruption et la faillite économique
du pays. Leurs marches ont été violemment dispersées. D'autres villes
connaissent des rassemblements.
En Libye, des jeunes osent reprendre la rue sans
passer par les armes
Malgré la
guerre, la crise financière, malgré l’épidémie de Covid-19, malgré la chaleur
implacable de ce mois d’août, malgré surtout la lassitude de huit années d’un
long effondrement du pays depuis la chute de Kadhafi, ils sont sortis.
Dimanche, de jeunes Libyens ont repris les rues de la capitale pour crier leur
colère. Ils étaient quelques centaines, certainement plus d’un millier.
Sur les
réseaux sociaux, des rêveurs ont osé parler d’un nouveau Hirak («mouvement») du
monde arabe. On en est très loin. La foule était clairsemée, les slogans
disparates. N’empêche, les manifestants sont venus de tous les quartiers de
Tripoli pour converger vers la place des Martyrs. Ils sont surtout ressortis le
lendemain, et encore le surlendemain. D’autres marches ont eu lieu dans les
villes de Misrata et Zawiya (ouest), à Sebha (sud) ou Barqa (est). Avec comme
point commun la critique de la corruption des autorités, la fatigue des coupures d’eau et
d’électricité, de plus en plus longues et
éprouvantes, l’humiliation des files d’attente de plusieurs kilomètres pour
acheter de l’essence dans un pays réputé baigner dans le pétrole.