La turquisation du nord de la Syrie… Ankara change les noms des rues à Souran
Sarah Rachad
Le Conseil local de la ville de Souran au nord-est du
gouvernorat d’Alep a publié des photos de plaques de rues dont la Turquie a
changé les noms originels pour d’autres écrits en turc et en arabe.
Le Conseil a expliqué que cette initiative avait été
prise par la province de Kilis en Turquie, à qui Ankara a confié les affaires de
la ville de Souran, en considérant que le changement des noms des rues et leur
inscription en turc était une tentative de turquisation des zones sous contrôle
turc au nord de la Syrie.
Le nord de la Syrie est l’un des objectifs essentiels de
l’intervention turque en Syrie il y a huit ans, et du soutien de la Turquie au
choix de la confrontation armée entre l’Etat et ses opposants, de façon à
imposer sa tutelle au nord de la Syrie.
Notons que cette région, et en particulier la zone
frontalière, abrite la présence historique des Kurdes qui rêvent de créer un
Etat indépendant entre la Turquie, la Syrie et l’Irak, et pour empêcher toute
initiative de ce type, la Turquie est soucieuse de maintenir son contrôle sur le
nord de la Syrie.
Alors que la ville d’Edleb au nord-ouest de la Syrie
était sur le point de faire face à une opération armée de la part du régime
syrien et de son allié russe pour liquider les factions armées contrôlant la
ville, dont celles soutenues par la Turquie, Ankara est intervenue auprès de
Moscou pour la convaincre de signer un accord empêchant toute intervention
militaire, au moins pour le moment : ce fut l’accord de Sotchi, signé le
17 septembre dernier.
Aux termes de cet accord, que des médias ont qualifié de
« délai accordé par la Russie à la Turquie », Ankara s’est focalisé
sur le nord syrien en renforçant son contrôle sur cette région, et parmi ces
tentatives figure le changement des noms des rues et leur inscription en turc.