A Tripoli, des centaines de manifestants dénoncent la corruption en Libye
Des centaines de Libyens, principalement des jeunes, ont manifesté à Tripoli pour
le troisième jour consécutif, mardi 25 août, contre la corruption et la
détérioration de leurs conditions de vie, dans un mouvement de protestation
étroitement encadré par les forces de l’ordre. La nouvelle manifestation a eu
lieu malgré une intervention, lundi, du chef du Gouvernement d’accord national
(GAN), Faïez Sarraj, qui s’est dit déterminé à combattre la corruption et a
promis un prochain remaniement ministériel.
Sous une chaleur accablante, les
manifestants ont défilé dans les rues avant de converger sur la place des
Martyrs, dans le centre de la capitale, selon un journaliste de l’AFP sur
place. Le rassemblement était encadré par les forces de l’ordre, pour éviter
des heurts, comme ce fut le cas dimanche lorsque des hommes armés non
identifiés ont ouvert le feu sur les protestataires et blessé certains d’entre
eux.
Les manifestants dénoncent la détérioration
des services publics, les fréquentes coupures de courant et d’eau et les
longues files d’attente devant les stations d’essence, dans un pays qui dispose
pourtant des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique. Surtout, ils
protestent contre la corruption, qui vient s’ajouter au calvaire d’une
population épuisée par plusieurs années de conflits. « Il faut
juger les corrompus ! », pouvait-on lire sur l’une des pancartes
brandies par les manifestants.
Remaniement gouvernemental
Depuis la chute du régime de Mouammar
Kadhafi, en 2011, après une révolte populaire, la Libye est minée par
l’insécurité et les luttes d’influence. Elle est dirigée aujourd’hui par deux
entités rivales : le GAN, basé à Tripoli et reconnu par l’ONU, et un
pouvoir incarné par Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen.
Dans son allocution télévisée, lundi soir,
M. Sarraj a tenté l’apaisement en soulignant « le droit
légitime » de tout Libyen de s’exprimer. « Nous
reconnaissons […] notre part de responsabilité » dans
la détérioration de la situation, mais cette crise « dure depuis
des années », a-t-il précisé, avant de promettre un remaniement
gouvernemental : « Partant de mes responsabilités politiques
et nationales, je prendrai certaines décisions, notamment la modification de
certains portefeuilles ministériels. Le choix des nouveaux ministres se fera
sur la base de leur compétence, leurs capacités et leur intégrité. » Si
ce projet est contesté, il a prévenu qu’il était prêt à recourir à des « mesures
exceptionnelles » pour effectuer ce remaniement.