Libye, le terrain de jeu russo-turc
Après un an de combats dans le nord-ouest libyen, les dirigeants des deux parties belligérantes, MM. Fayez Al-Sarraj, chef du Gouvernement d’accord national (GAN) basé à Tripoli, et Aguila Salah, président de la Chambre des représentants à Benghazi, ont annoncé un accord de cessez-le-feu immédiat. Pour M. Al-Sarraj, la Libye doit désormais se préparer à organiser des « élections présidentielles et parlementaires en mars prochain ». M. Salah insiste quant à lui sur la nécessité d’un retour à la paix avec l’arrêt définitif « de tous les combats sur tout le territoire libyen ». Les États-Unis, l’Union européenne, ainsi que de nombreuses capitales occidentales ont salué cette initiative, mais le scepticisme prévaut quant aux chances de réussite de cette nouvelle tentative de faire taire les armes dans le pays.
Des doutes subsistent notamment sur la position qu’adoptera le maréchal Khalifa Haftar, adversaire du GAN et homme fort du bloc de Benghazi. Qualifié de « criminel de guerre » par plusieurs responsables politiques à Tripoli, on voit mal le chef de l’armée nationale libyenne accepter de ne jouer aucun rôle politique dans les prochains mois.
Outre la présence de nombreux mercenaires étrangers, la Libye demeure exposée au double interventionnisme de Moscou et Ankara. Comme le suggère l’analyse de Jean-Michel Morel ci-dessous, ces deux rivaux se gardent d’atteindre le seuil de confrontation et semblent d’accord pour conserver leurs zones d’influence respectives.