L'Essentiel dans un entretien avec Abdelrahim Ali, directeur général du Centre des études du Moyen-Orient
Abdelrahim Ali a fondé le Centre des
Etudes du Moyen-Orient (CEMO), et en est le principal animateur. Engagé de
longue date dans la lutte contre l'islam radical, il est présent à chacune des
conférences que donne en Europe le CEMO. Nous l'avons rencontré à Paris.
Propos recueillis
par Clément Airault
L'Essentiel des
relations internationales : Monsieur Abdelrahim Ali, qu'est-ce qui vous a
poussé à créer le CEMO?
Abdelrahim Ali :
En Egypte ou dans le reste du monde arabe, nous parlons entre nous en langue
arabe, en permanence. Il n'existait pas d'interactivité entre les démocrates du
monde arabe et ceux de l'OCcident. Parallèlement, les Frères musulmans et les
extrémistes réussissaient à s'ouvrir vers l'Occident.
A ce moment, ils gagnaient des points car ils pouvaient
s'infiltrer, tandis que nous restions assis à ne rien faire.
Mon objectif avec le CEMO était de créer un nouveau moyen de
communiquer entre Orient et Occident. Il était nécessaire que nous venions ici,
en France, pour nous faire entendre et pour permettre à des personnes ouvertes
à notre expérience de participer au débat, tels Roland Jacquard, Richard
Labévière, Ian Hamel, Atmane Tazaghart, etc. Il était important de leur faire
comprendre notre point de vue.
Et ce point de vue, quel est-il?
Abdelrahim Ali : Notre
point de vue c'est qie l'islam n'est pas les Frères musulmans, et que les
Frères musulmans ne montrent que le mauvaus côté de la pensée islamique, et non
de l'islam. Cette pensée n'exprime pas le resenti de la plupart des musulmans.
Nous respectons la liberté d'expression. Nous respectons la femme. Nous croyons
à la démocratie et à la transmission du pouvoir de manière pacifique. Et nous
respectons l'art. Nous sommes très attachés à l'échange culturel entre les
civilisations.Rappelez-vous ce qui s'est passé dans les siècles précédents. LA
civilisation arave et les grands philosophes entretenaient des liens étroits
avec l'Occident. A l'opposé, les Frères musulmans considèrent que la
civilisation occidentale est le diable et qu'il faut qu'elle soit récupérée par
la civilisation islamique.
N'avez-vous pas l'impression que les Frères musulmans sont
affaiblis de nos jours?
Abdelrahim Ali : Peut-être
est-ce vrai chez nous, au Moyen-Orient, en Egypte, en Arabie Saoudite ou aux
Emirats arabes unis. Mais ils se sont renforcés en Occident. Ils sont forts et
sont à la base de 500 organisations en Europe, via l'Union des organisations
islamiques.
En France, on compte 250. Les Frères musulmans disposent de
10 milliards de dollars de fonds. Et au niveau intellectuel, ils ont la
mainmise sur des centaines de mosquées en France. Ils mobilisent tous les jours
des centaines de jeunes. Ils leur inculpent la haine de la civilisation
occidentale, et cela nous nuit en Orient.
Etait-ce l'objet de votre livre* que d'informer les Occidentaux sur le danger que
représentent les Frères musulmans?
Abdelrahim Ali : Tout à fait. Il faut que l'opinion occidentale
connaisse la vérité sur les Frères musulmans et sur l'islam, qui sont deux
choses très différentes, distinctes.
Pensez-vous que
l'organisation des Frères musulmans soit en mutation aujourd'hui?
Abdelrahim Ali : Elle mute tout le temps, selon la situation
politique et selon les pressions qui sont exercées sur elle. Je vous cite un
exemple : Le 29 janvier 2017, lorsque Donald Trump a accédé au pouvoir et a dit
qu'il fallait bannir les Frères musulmans, l'Union des organisations islamiques
en Europe s'est réunie en Turquie, à Istanbul, et ses organisations ont précisé
qu'elles allaient se retirer de l'organisation des Frères musulmans. Personne
n'avait connaissance de cette appartenance aux Frères musulmans avant ce
moment. C'est la preuve que les Frères musulmans avancent masqués.
Qui finance les
Frères musulmans?
Abdelrahim Ali : La Qatar et la Turquie entre autres, les
financent. Il y a également un grand nombre de sociétés qui ont été établies
ici, en Occident, par les Frères musulmans. Ce sont des sociétés offshore qui,
la plupart du temps, ne paient pas d'impôts. Chaque jour, des millions de
dollars sont investis. Selons les renseignements français, Daech disposerait de
3 milliards de dollars. Vous imaginez ce qu'il peut en être des Frères musulmans?
Je pense qu'il faut au moins multiplier ce chiffre par 30. Et avec cette somme,
les Frères musulmans représentent un danger pour l'Europe.
Vous avez
récemment été invité à participer à une conférence au Parlement français par
Marine Le Pen. Certains observateurs vous accusent d'antisémitisme. Que leur
répondriez-vous?
Abdelrahim Ali : Une seule personne m'accuse d'antisémitisme. Il
s'agit d'un fiché "S" qui est devenu, du jour au lendemain, une
référence en islamologie en France. Je dénonce l'antisémitisme, moi qui
appartient au Parlement égyptien, le même qui a ratifié du temps du Président
Sadate le traité de paix avec Israël.
Bio Express
L'islamologue
égyptien Abdelrahim Ali est le directeur-fondateur du CEMO. Il est également
président du CEntre arabe des recherches et des études du Caire, et rédacteur
en chef du quotidien égyptien Al Bawaba.
Ce spécialistede
l'islam politique est l'auteur de très nombreux ouvrages consacrés aux
mouvements islamistes radicaux. Farouchement opposé aux Frères musulmans, il
fut l'un des acteurs de la révolution de juin 2013 ayant abouti à la chute de
leur régime.
Partisan d'un
islam moderne, respectueux des femmes, Adbelrahim Ali est également engagé en
politique. Proche du président Al-Sissi, il a été élu député de l'Assemblée
nationale égyptienne. Il est régulièrement convié lors de conférences et
colloques traitant du financement du terrorisme ou de l'idéologie islamiste.
Récemment, il a été invité à l'Assemblée nationale française et au Parlement
européen.
CEMO : Un pont entre Orient et
Occident
Le Centre des
Etudes du Moyen-Orient (CEMO), dont l'actuel directeur exécutif est le
journaliste et écrivain Ahmed Youssef, a été fondé en 2017 par Abdelrahim Ali.
Se voulant
indépendant, cet organisme "a pour objectif" de porter, dans toutes
les langues, le message de paix d'un pays qui fut le berceau d'une des
civilisations les plus prestigieuses de
l'Histoire mondiale". Le CEMO a pour but d'informer l'Occident sur mes
dangers de l'islamisme, et de favoriser les échanges entre civilisations.
Depuis sa
création, le CEMO a organisé de multiples colloques et séminaires. Des
personnalités expertes dans le domaine de la recherche sur l'idéologie
politique y participent régulièrement, tels Roland Jacquard,Richard Labévière,
Ian Hamel, etc.
Ces mêmes personnalités
ont pris part à la rédaction des permières publications du CEMO. En mai
dernier, le CEntre a publié son premier "cahier" sur "Les
dangers de la pensée des Frères musulmans sur les valeurs occidentales",
ainsi qu'une revue traitant des mouvements islamistes, La Référence, publiée en
français, allemand, anglais et arabe.