Publié par CEMO Centre - Paris
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L’accord entre Israël et les Émirats Arabes Unis redistribue les cartes des alliances au Moyen-Orient

jeudi 20/août/2020 - 12:44
La Reference
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Un accord entre Israël et les Émirats Arabes Unis (EAU), ayant trait à de nombreux domaines tels que la santé, la culture, la technologie ou la sécurité vient d’être annoncé. Cette avancée majeure, 26 ans après le dernier traité de paix avec la Jordanie, a de quoi susciter l’espoir tant le Moyen-Orient connaît de drames sanglants. Ceux qui n’y verraient qu’un coup politique de Donald Trump en prévision des élections américaines de novembre et la fin programmée d’un État palestinien se trompent, car il ne s’agit que de la première manifestation officielle d’un processus engagé de longue date. C’est la première étape d’une reconfiguration majeure des alliances régionales qui sera bénéfique pour tous. Car la reconnaissance par ses voisins de l’État Juif, et l’enterrement des vieilles rancœurs au profit de futures coopérations, ne renforce pas uniquement la sécurité de ce dernier, mais représentent des gages réels de stabilité pour les pays arabes et le monde musulman dans son ensemble. À ce titre, il doit être soutenu. 

L’avenir du Moyen-Orient sera à l’image du prochain président américain
Malmené par une gestion chaotique de la pandémie de Covid-19, Donald Trump a plus que besoin de se remettre en selle s’il veut assurer sa réélection en novembre prochain. L’annonce de l’accord historique de normalisation entre les EAU et Israël arrive à point nommé et apparaît comme la confirmation du bien-fondé de sa politique pour le Moyen-Orient: de la sortie de l’accord sur le nucléaire iranien et l’exercice de pressions maximales sur le régime des Mollahs, en passant par la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’État Hébreu, jusqu’au “deal du siècle”. Ses opposants, Téhéran en tête, mais également Pékin, préféraient avoir Joe Biden comme nouveau locataire de la Maison-Blanche qui d’après eux fera preuve d’une plus grande souplesse à leur égard. 

C’est la faute d’Obama!
En réalité les causes de la reconfiguration des alliances au Proche-Orient sont plus anciennes. Cela résulte principalement de la réorientation de la politique extérieure des États-Unis sous l’administration Obama, celle dite du pivotement vers l’Asie-Pacifique. Pour se consacrer à ce projet, l’ancien Président a remis les “clés de la région” à la théocratie chiite, via le JCPoA (Plan d’action conjoint sur le nucléaire iranien), au détriment des alliés traditionnels de l’Amérique, les pays arabes sunnites. Confrontés aux mêmes menaces existentielles que représentaient Daech et la politique hégémonique perse (via le croissant chiite du Yémen au Liban, en passant par l’Irak et la Syrie), Israël et les pays du Golfe, hormis le Qatar, se sont rapprochés pour mettre en place une coalition, basée sur des intérêts partagés et bien compris. Initialement discrète, elle est désormais officielle. Et après les Émirats, d’autres États du Golfe tels que Bahreïn ou Oman devraient annoncer à leur tour leur normalisation. 

La France et Israël garant de la sécurité en Méditerranée orientale?
On ne peut pas déconnecter le présent accord de deux crises majeures récentes ayant sans doute contribué à accélérer son annonce, et qui voient les intérêts respectifs de la France et d’Israël converger. Il s’agit, d’une part, de la dévastation de Beyrouth par l’explosion d’un stock de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium pouvant servir à la confection d’explosifs et à la fabrication de missiles, pour lequel la milice chiite du Hezbollah, supplétif zélé de Téhéran, est montré du doigt. L’Europe, avec en première ligne la France, du fait de son lien historique avec le pays du cèdre, s’est positionnée pour réformer les institutions du pays et éviter toute nouvelle ingérence extérieure, faisant clairement référence à l’Iran. De leur côté les États-Unis et Israël font pression auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU pour que le rôle de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban) soit renforcé, notamment en ce qui concerne le désarmement du Hezbollah dont l’arsenal compte plus de 150.000 missiles et roquettes menaçant l’État Hébreu. Un Liban indépendant, dégagé de la tutelle mortifère du régime des Mollahs, pourrait sérieusement envisager à son tour un rapprochement avec son voisin du sud, ce qu’a laissé entendre, il y a peu, le Président Michel Aoun dans une interview.   

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