Macron à la recherche d’un mécanisme politique pour gérer les affaires des musulmans
Ahmed Lamlom
Les affaires des musulmans en France sont
gérées par des associations qui supervisent les lieux de culte, et organisent
des manifestations religieuses. Ces associations sont soumises au Conseil français
du culte musulman (CFCM), une institution gouvernementale créée en 2003 pour
être le représentant officiel des musulmans de France.
L'actuel président français, Emmanuel Macron,
souhaite changer les mécanismes de gestion des affaires musulmanes, et trouver
une nouvelle équation. Le locataire de l’Elysée a eu recours à Hakim El Karoui,
un universitaire franco-tunisien, pour être son conseiller sur les questions
musulmanes. L'Institut Montaigne a publié un rapport intitulé « La
fabrication de l'extrémisme islamique » dans lequel El Karoui évoque la
nécessité de mettre fin à ce qu'il a appelé le « danger islamiste »
qui menace la France et ses valeurs en raison de la diffusion de l'idéologie
fondamentaliste et salafiste parmi les jeunes.
Il a également recommandé la création d'une
institution indépendante du Conseil français du culte musulman, qui parrainerait
des projets visant à financer les lieux de culte musulmans, de même qu’un
organe de surveillance financière chargé d'enquêter sur les flux financiers, et
de saisir les fonds des mosquées et des organisations islamiques. Il a aussi
proposé une taxe sur les produits halals pour financer les mosquées et a appelé
les musulmans à « récupérer leur religion auprès des extrémistes ».
Les réactions de la communauté musulmane à ce
rapport ont été très controversées. Marwan Muhammad, ancien responsable du
collectif contre l'islamophobie en France, qui a lancé au mois de Ramadan une
campagne en ligne dans les mosquées pour alerter les musulmans et les
sensibiliser au sujet de leur religion et leur sort au sein de la société
française, a été le premier à critiquer le rapport d’El Karoui.
La campagne lancée au mois de Ramadan
s'articule autour de trois axes : le premier concerne l'organisation
institutionnelle des musulmans sur le plan national, le second se rapporte aux
problèmes de la communauté, tels que le statut de la femme ou l'organisation du
pèlerinage, et le troisième a trait à certaines questions liées au financement
et à la gestion des mosquées.
Marwan Muhammad a parlé de l'idée de la
campagne, qui découle selon lui d'une simple observation, à savoir que les musulmans
sont mécontents de leur exclusion de questions, qui pourtant, les concernent
avant les autres. Il est donc nécessaire de leur donner la parole et de leur
permettre d'exprimer leurs aspirations et leurs suggestions sur leur religion
et leur sort.