Le Hezbollah, obstacle à la reconstruction du Liban
Depuis l’explosion
du 4 août, les Libanais dénoncent en bloc la
corruption et l’incompétence de leurs leaders, toutes tendances
confondues. Avec la
crise économique et politique, l’appel à réformer d’urgence le pays est
sur toutes les lèvres. Mais un changement au pays du Cèdre paraît peu probable
sans que le Hezbollah, mouvement politique et armé, ne le décide.OK
Cet
acteur domine le pays grâce à ses puissants réseaux et son arsenal militaire.
D’ailleurs, accusé
un temps d’être à l’origine de l’explosion de Beyrouth,
le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a nié
catégoriquement que le parti chiite possédait un entrepôt d’armes dans le port
où était stockée une énorme quantité de nitrate d’ammonium.
État dans l’État
Véritable
" État dans l’État ", le Hezbollah est un acteur incontournable au
Liban. " La communauté chiite fait un gros tiers de
la population, c’est aujourd’hui la première communauté libanaise devant les
sunnites, les maronites ne faisant plus que 20% de la population ",
explique le géographe Fabrice
Balanche, spécialiste de la Syrie et du Liban. " Donc
le Hezbollah, par son emprise sur la communauté chiite, par ses institutions
sociales, sa milice, est un acteur central au Liban. Vouloir faire des
réformes au Liban sans la participation du Hezbollah ou au moins sa neutralité
bienveillante, ça veut dire aller directement dans le mur. "
Présent au parlement, le parti était membre
du gouvernement démissionnaire du Premier ministre Hassan Diab. Il tient
également des conseils municipaux. " C’est
la première formation politique au Liban, il a un poids important et dispose
d’un grand bloc parlementaire avec ses alliés ", indique de son
côté Ziad Majed, politologue franco-libanais et professeur à l’université
américaine de Paris. " Donc
il va forcément jouer un rôle important dans la reconstruction du champ
politique et la formation du nouveau gouvernement. "
Acteur
de blocage
Mais
pour Ziad Majed, le Hezbollah est tout sauf un acteur de changement.
" Il fait partie de la classe politique
libanaise depuis 1992 quand il a participé pour la première fois aux
élections parlementaires. Et depuis 2005, il siège dans tous les
gouvernements sans exception. Depuis 15 ans, il est dans l’exécutif et son
secrétaire général est en place depuis 1991. Ses
députés, en tout cas les poids lourds, sont presque les mêmes depuis le début. "
Acteur
majeur de la classe politique libanaise, le Hezbollah apparaît tout de même
moins directement impliqué dans certains dossiers économiques et financiers " par
rapport à ses alliés accusés d’être les plus corrompus ". Selon Ziad
Majed, il a couvert ses alliés pendant presque 30 ans.