Liban : les responsables étrangers se succèdent à Beyrouth, le Hezbollah rejette un gouvernement « neutre »
Dix jours après le drame qui a fait plus de
171 morts et 6 500 blessés, les autorités libanaises, opposées à une
investigation internationale, ont chargé vendredi 14 août un juge local de
l’enquête. Un deuxième ressortissant français a été recensé parmi les personnes
décédées dans la double explosion.
Depuis l’explosion qui a soufflé des
quartiers entiers de Beyrouth, les responsables étrangers se succèdent, signe
que le Liban est revenu au centre des luttes d’influence. Le ballet
diplomatique se poursuivait vendredi.
Le ministre iranien des affaires
étrangères, Mohammad Javad Zarif, dont le pays soutient l’influent Hezbollah, a
affirmé que l’aide au Liban « ne devrait pas être conditionnée à
un changement politique ». « C’est à l’Etat et au peuple du Liban de
décider de l’avenir du Liban », a ajouté M. Zarif, qui a rencontré le
président libanais, Michel Aoun.
Le chef de l’Etat libanais a également reçu
la ministre des armées française, Florence Parly, qui a souligné la nécessité
de former « le plus rapidement possible un gouvernement de
mission », chargé « pour une durée limitée de mener des
réformes profondes ».
L’ONU lance un appel de fonds
Le numéro trois de la diplomatie
américaine, David Hale, a lui aussi rencontré le président Aoun, ainsi que
l’ancien premier ministre Saad Hariri, dont le nom est évoqué dans les médias
locaux pour diriger le nouveau gouvernement. M. Hale a appelé à la formation
d’un gouvernement « qui répond à la volonté de son peuple et
s’engage véritablement pour la réforme »
Le responsable américain devait se réunir
avec des représentants de la société civile, qui réclame un gouvernement qui ne
soit pas issu de la classe politique traditionnelle, pour coordonner l’aide
internationale.
De leur coté, les Nations unies (ONU) ont
lancé, vendredi, un appel de fonds d’un montant de 565 millions de dollars
(475 millions d’euros) en faveur du Liban. Cette aide sera notamment destinée
aux efforts de reconstruction succédant à la phase de première urgence dans la
capitale.
Il s’agit de financer la remise en état des
hôpitaux et des écoles et de fournir un toit aux sinistrés, sans abri depuis
l’énorme détonation au port.
« La tâche de reconstruire la vie des
habitants et permettre la guérison d’une telle dévastation ne fait que
commencer », a estimé à l’ONU Najat
Rochdi, une coordinatrice de l’aide humanitaire à destination du Liban. Elle a
appelé la communauté internationale à ne pas lésiner en mettant la main au
portefeuille, en ayant particulièrement à l’esprit « l’incroyable
générosité des Libanais vis-à-vis des réfugiés syriens et palestiniens ».