Accord historique entre Israël et les Émirats arabes unis
Après l'Égyptien Anouar el-Sadate en 1979
et le roi Hussein de Jordanie en 1994, le prince hériter des Émirats arabes
unis est le troisième dirigeant de la région à approuver la « pleine
normalisation » des relations entre son pays et l'État d'Israël. Cette
décision historique a été annoncée jeudi, sous la forme d'un communiqué à
en-tête de la Maison-Blanche, par le président Donald Trump, le premier
ministre Benyamin Nétanyahou et le cheikh Mohammed Ben Zayed.
Des délégations des deux pays se
rencontreront « dans les prochaines semaines » afin de
préparer l'ouverture d'ambassades et de signer des accords bilatéraux dans
divers domaines dont le tourisme, le transport aérien, la sécurité, l'énergie
ou l'environnement. Le gouvernement israélien, qui allège ainsi son isolement
diplomatique dans la région, a accepté en contrepartie de «
reporter » son projet d'annexer une
partie des colonies juives de Cisjordanie.
Cet accord, qualifié par Abu Dhabi de « victoire »
et par Benyamin Nétanyahou d'« historique pour l'État d'Israël »,
marque, selon le secrétaire d'État Mike Pompeo, « un pas significatif
pour la paix au Moyen-Orient ». Il s'agit incontestablement d'un
succès pour le président américain, dont les différentes initiatives sur le
dossier israélo-palestinien n'avaient jusqu'à présent guère livré de fruits.
Un saut dans l'inconnu
Le déplacement de
l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, la mise sous pression
des Palestiniens, le quasi-blanc-seing donné à la colonisation israélienne
puis la présentation d'une «
Vision pour la paix » largement perçue comme biaisée en faveur de l'État
hébreu n'avaient
abouti qu'à braquer l'Autorité présidée par Mahmoud Abbas. Et les multiples « cadeaux »
concédés à Benyamin Nétanyahou semblaient plutôt compliquer la tâche de pays
qui, à l'image de l'Arabie saoudite ou des Émirats arabes unis, rêvaient d'une
normalisation sans pour autant vouloir donner le sentiment de sacrifier les
Palestiniens.
L'annonce d'un tel accord entre Israël et Abu Dhabi résonne avant tout comme un symbole éclatant. Les pays arabes, entrés en guerre en 1948 pour tenter de tuer dans l'œuf l'État hébreu, ont par la suite refusé de reconnaître son existence - si bien qu'un grand nombre de ces États s'oppose aujourd'hui encore au survol de leur territoire par la compagnie El Al. Ce front du rejet se fissura certes en 1979, lorsque l'Égypte accepta de faire la paix en échange de la restitution de la péninsule du Sinaï conquise en juin 1967 par l'armée israélienne. Ou encore en 1994, lorsque la signature des accords d'Oslo créa les conditions pour que le roi de Jordanie normalise à son tour les relations avec son voisin. Mais la plupart des autres capitales arabes continuaient, jusqu'à l'élection de Donald Trump, à exiger la restitution des territoires conquis durant la guerre des Six-Jours (Jérusalem, Cisjordanie et bande de Gaza) avant d'envisager une réconciliation officielle.