Liban. Quatrième nuit de manifestation contre le pouvoir à Beyrouth, au moins 40 blessés
À 18 h 08 mardi 11 août à Beyrouth, une foule, en pleurs
et en colère, a rendu hommage aux victimes de l’explosion qui a dévasté la
capitale libanaise il y a une semaine, et promis de
faire tomber l’ensemble de la classe dirigeante.
Le gouvernement de Hassan Diab a démissionné lundi. Mais dans la rue, les Libanais veulent aussi le départ du chef de l’État,
du chef du Parlement, des députés, des partis politiques… accusés depuis
longtemps de corruption et d’incompétence et jugés responsables du drame de par
leur incurie. « Tous veut dire tous », ne cessent-ils de
clamer.
Pour
la quatrième nuit consécutive, les heurts ont repris entre des dizaines de manifestants
et les forces de l’ordre près du siège du Parlement à Beyrouth. Dix blessés ont été transférés vers des hôpitaux et 32 ont été
soignés sur place, selon la Croix-Rouge libanaise.
« Enterrer le pouvoir »
À 18 h 08 locales, les cloches des églises ont retenti et
les appels à la prière dans les mosquées ont été lancés. C’est à cette heure-là
que la capitale a été secouée le 4 août par une
gigantesque déflagration au port de Beyrouth,
causée par un incendie dans l’entrepôt où étaient stockées selon les autorités
2 750 tonnes de nitrate d’ammonium.
Au
moins 171 morts, 6 000 blessés, de nombreux disparus et près de 300 000
sans-abri. Des quartiers entiers de Beyrouth transformés en champs de ruines.
Depuis,
c’est la population, surtout des jeunes volontaires, qui déblaye les décombres
et aide les plus démunis et ceux dans le besoin, face à l’inertie
des pouvoirs publics. Des ONG locales et internationales se
sont aussi mobilisées pour apporter aides médicales et nourriture.
La
démission du gouvernement plonge davantage le pays dans l’incertitude mais les
manifestants veulent que tous les dirigeants rendent des comptes et soient
jugés.
« Nous ne ferons pas notre deuil, nous ne
porterons pas le noir avant d’avoir enterré le pouvoir », a lancé un orateur devant la foule de Libanais, la plupart vêtus de
blanc, rassemblés aux portes du port rasé par l’explosion.
Certains
pleurent, d’autres retiennent avec peine leurs larmes. Une femme égrène
l’interminable liste des noms des victimes, qui défilent aussi sur un écran.