Au Liban, des élections anticipées pour « sortir de la crise structurelle »
Six jours après l’explosion
qui a dévasté Beyrouth, la colère d’une large partie de la population libanaise
contre ses dirigeants, après des mois de crise politique et économique, est
plus que jamais ravivée. Dimanche 9 août, de nouvelles manifestations ont
eu lieu dans la capitale, entraînant la démission successive de
quatre ministres – information, environnement, justice et finances.
L’explosion, mardi, dans un
entrepôt du port de la capitale, a fait au moins 158 morts, plus de 6 000
blessés, des dizaines de disparus et des centaines de milliers de sans-abri.
L’espoir de retrouver des survivants s’amenuise, a annoncé, dimanche, l’armée
libanaise.
Nouvelles manifestations
La dévastation provoquée par
l’explosion est la catastrophe de trop pour les Libanais. Le pays est plongé
depuis plusieurs mois dans une très grave crise économique, marquée par une dépréciation
inédite de sa monnaie (la livre libanaise), une hyperinflation, des
licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques.
Samedi, des milliers de protestataires ont
défilé dans le centre-ville de Beyrouth. Menés par des officiers à la retraite, ils ont
pris d’assaut le siège du ministère des affaires étrangères, le
proclamant « quartier général de la révolution », comme
le montre le tweet de la correspondante du quotidien
britannique The Independent au Moyen-Orient.
Des nouveaux heurts ont
éclaté dimanche soir dans le centre de la capitale entre les forces de l’ordre
et un groupe de manifestants. Sur une avenue menant au Parlement, les
manifestants ont jeté des pierres et tiré des feux d’artifice en direction de
la police qui a répliqué avec des tirs de gaz lacrymogènes pour tenter de les
disperser.
Elections
anticipées et démissions de ministres
Le premier ministre, Hassan
Diab, a annoncé à la télévision, dans la soirée de samedi, qu’il allait
proposer des élections parlementaires anticipées, estimant qu’elles seules
pouvaient « permettre de sortir de la crise structurelle ».
Il s’est dit prêt à rester au pouvoir « pendant deux mois »,
le temps que les forces politiques s’entendent à ce sujet.
Le chef du gouvernement, qui
a formé son cabinet en janvier après la démission de Saad Hariri à la fin
d’octobre sous la pression d’un mouvement de protestation populaire, a déclaré
qu’il soumettrait sa proposition lundi au conseil des ministres.
Dès dimanche, la ministre de
l’information, Manal Abdel Samad, a annoncé son départ du gouvernement. « Je
m’excuse auprès des Libanais, nous n’avons pas pu répondre à leurs
attentes », a-t-elle déclaré lors d’une brève allocution télévisée.