Entre la France et le Liban, la couleur des sentiments
Entre la France et le Liban, la relation
échappe à toutes les normes attendues. Ce qui les attache l’une à l’autre ne
relève ni seulement de la diplomatie, ni seulement de la stratégie, ni
seulement de l’économie, ni seulement de la politique. « Parce que
c’est vous, parce que c’est nous », a dit Emmanuel Macron, jeudi 6 août,
en arrivant à Beyrouth.
Pourquoi a-t-il été le premier chef d’Etat occidental à manifester sur place sa
solidarité avec ce pays meurtri ? Les histoires d’amour ne s’expliquent pas
toujours.
Retour quelques décennies en arrière. Le
24 octobre 1983, François Mitterrand est dans la capitale libanaise.
Il est le premier président de la Ve République à faire ce
voyage. Au beau milieu des guerres du Liban, le chef d’Etat vient rendre
hommage à 58 parachutistes français,
membres d’une force d’interposition internationale, tués la veille dans
l’attentat contre le Drakkar, l’immeuble où ils étaient logés à Beyrouth. Deux minutes avant cette attaque, une camionnette
piégée explosait devant le bâtiment hébergeant des soldats américains membres
de cette même force. 241 marines sont morts, mais son homologue américain,
Ronald Reagan, lui, est resté à Washington.
Le 16 février 2005, le président
Jacques Chirac, costume sombre, visage fermé, est l’unique chef d’Etat occidental
convié à Beyrouth à l’enterrement de Rafic Hariri, ancien premier ministre libanais. « Je
suis venu rendre hommage à un homme qui était mon ami, dit-il, un
homme qui a incarné la volonté d’indépendance, de liberté et de démocratie du
Liban. » Chirac restera proche de la famille Hariri. Il reçoit
souvent Saad, le fils de Rafic, quand celui-ci devient, à son tour, le chef du
gouvernement libanais. Ayant quitté l’Elysée, l’ancien président français est
hébergé pendant huit ans dans un grand appartement de la
famille Hariri, à
Paris. Et, comme une sorte de passage obligé, les successeurs de Chirac font
tous, sans exception, le voyage de Beyrouth.