Publié par CEMO Centre - Paris
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Les États-Unis ont réitéré jeudi leur appel à un règlement politique de la guerre civile en Libye, et imposé des sanctions à des Libyens soupçonnés d'alimenter le conflit en menant un trafic de pétrol

vendredi 07/août/2020 - 03:31
La Reference
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Pendant que, sur le terrain, les combats se poursuivent en Libye, la tension monte entre les pays impliqués dans le conflit. Le vote récent du Parlement égyptien ouvrant la voie à une intervention militaire souligne à quel point ce dossier est explosif. Voici quelques clés pour comprendre les raisons du chaos libyen et les menaces qu'il représente.

Une guerre civile qui n'en finit pas

Depuis l'intervention militaire occidentale menée en 2011 par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, qui a abouti à la chute du colonel Muammar al-Kadhafi, mort en octobre, apparemment lynché par des miliciens, la Libye est plongée dans un chaos permanent. Théâtre d'un conflit « de basse intensité », comme disent les spécialistes, le pays de près de 7 millions d'habitants est plus fracturé que jamais, entre régions, cités-Etats et tribus rivales, et la proie des ambitions concurrentes de puissances extérieures. « Un crève-cœur quand on songe que l'opération Harmattan devait apporter la démocratie et la prospérité dans ce pays possédant les plus importantes réserves pétrolières d'Afrique », se désole un diplomate français.


Un Etat éclaté ? A l'ouest, la Tripolitaine est aux mains du Gouvernement d'accord national (GAN), reconnu par les Nations unies, dirigé par le Premier ministre Fayez el-Sarraj siégeant à Tripoli, la capitale. A l'est, en Cyrénaïque, l'homme fort est le maréchal dissident Khalifa Haftar, dans son fief de Benghazi. Cet ex-proche de Kadhafi, qui vécut 20 ans en exil aux Etats-Unis avant son retour à la chute du régime, déclencha dès 2016 une offensive contre le gouvernement de Sarraj, jugé proche de milices islamistes. Après une série de victoires, Haftar essuie depuis plusieurs mois revers sur revers, échouant à prendre Tripoli et désormais menacé dans la ville verrou de Syrte.

Le poids des grands acteurs extérieurs

Deux principales puissances sont à la manœuvre, la Turquie et la Russie. Toutes deux s'affrontent aussi en Syrie, et Jean-Yves Le Drian, chef de la diplomatie française, dit craindre une « syrianisation de la Libye ».

Le régime de Recep Tayyip Erdogan, qui a fait de sa suprématie en Méditerranée orientale une priorité, apporte un soutien crucial au GAN. Il lui fournit armes et munitions, drones, matériel pointu de guerre électronique, achemine des conseillers militaires, mais aussi des miliciens syriens : de 2000 à 7000 anciens combattants islamistes contre le régime de Bachar al-Assad gonfleraient ainsi les troupes de Sarraj. Le tout en violation l'embargo de l'ONU sur les livraisons d'armes à la Libye.

Mais le camp Haftar n'est pas en reste, ayant bénéficié de l'envoi d'un millier de mercenaires russes de la compagnie de sécurité privée Wagner, réputée proche du Kremlin. Des chasseurs bombardiers MiG et Soukhoï venus de Russie seraient basés à l'est, mais la force Wagner, tenue en échec par les troupes de Sarraj, s'est en partie repliée.

La déroute militaire d'Haftar a entraîné l'entrée dans le jeu d'un troisième grand acteur, l'Egypte. Grand rival d'Ankara, engagé dans une politique d'endiguement des Frères musulmans, le régime du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, inquiet pour sa « sécurité nationale » face à la déstabilisation du voisin libyen, où vivent et travaillent de très nombreux Egyptiens, menace d'intervenir militairement si les forces du GAN franchissent la « ligne rouge » de Syrte. Le 20 juillet, le Parlement égyptien a voté son feu vert à une possible intervention de son armée, l'une des plus puissantes du Levant.

Le rôle ambigu de la France

Pour avoir soutenu politiquement le maréchal Haftar au nom de la lutte contre le djihadisme, la position de la France est délicate. A plusieurs reprises, Emmanuel Macron a dénoncé le « jeu dangereux » d'Erdogan et demandé à ce « que cessent les ingérences étrangères et les actes unilatéraux de ceux qui prétendent gagner de nouvelles positions à la faveur de la guerre ». En clair, Paris, comme son allié égyptien, veut « fixer » les positions des belligérants et ramener les protagonistes à la table des négociations entamées début 2020 à Berlin. « Et il faut garantir un mécanisme pour que chaque partie libyenne reçoive sa juste part des ressources pétrolières », insiste un conseiller élyséen. De fait, le français Total et son rival italien Eni convoitent ces richesses, ce qui complique encore la donne.

 


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