Pouvoir des milices renforcé, censure en ligne... Un été liberticide en Turquie
Le visage plongé dans ses deux mains, Deniz, 32 ans, fait défiler sur son smartphone les images éparses de son monde d’avant: le procès à rallonge d’un ami activiste, la traque des journalistes à travers le pays, la destitution des maires élus du parti d’opposition prokurde. «Et puis, avec le Covid, c’est comme si on avait soudainement appuyé sur la touche “pause”. Tout le monde chez soi. Les tribunaux fermés. La vie au ralenti. En termes de lutte contre la pandémie, la Turquie s’en est d’ailleurs mieux sortie que de nombreux pays. Mais avec le déconfinement, c’est un autre virus qui menace notre monde d’après: celui de l’accélération de la dérive autoritaire», se désole la jeune militante démocrate. Ses grands yeux verts cernés de noir trahissent des nuits trop courtes et agitées. «Depuis début juin, je ne trouve plus le sommeil», concède-t-elle.