Le Liban plonge seul dans la crise
Alors qu’ils espéraient une aide de la communauté
internationale face à la crise, les Libanais se sentent abandonnés. Certains
voient dans le pouvoir du Hezbollah la cause de l’isolement du pays, lequel a
surtout perdu de son importance stratégique dans la région.
La « neutralité » serait-elle le remède aux maux du Liban ? Lancée
début juillet par le cardinal Bechara Raï, l’idée n’en finit plus d’alimenter
les débats, dans un pays en faillite et à l’affût de la moindre corde de
rappel. «
Aujourd’hui, le Liban s’est isolé du monde entier, ce n’est pas notre identité.
Notre identité est une neutralité positive et constructive : pas un Liban
guerrier », répète, depuis, le patriarche des
maronites, qui rêverait d’une neutralité « déclarée », voire « garantie » par l’ONU. En cessant de « s’impliquer dans la politique des axes
régionaux et internationaux » comme
de subir «
leurs ingérences extérieures », le
Liban – il en est convaincu – retrouverait la maîtrise de son destin et le
soutien de la communauté internationale.
La proposition a tout du vœu pieux dans une
région en ébullition, otage de la rivalité entre l’Iran et les États-Unis, et
incapable de surmonter ses clivages confessionnels. Mais elle a de quoi séduire
dans un pays autrefois cajolé par les puissants de ce monde, aujourd’hui réduit
au rang de bateau ivre dans une mer déchaînée. Derrière l’effondrement de la
livre libanaise, l’envolée des prix, le manque de farine comme de fioul, le délabrement
des hôpitaux, les Libanais savent que se cachent des décennies de mauvaise
gestion, de corruption, de clientélisme.