Publié par CEMO Centre - Paris
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Double explosion de Beyrouth : aider le Liban meurtri

mercredi 05/août/2020 - 02:13
La Reference
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L’apocalypse dans un pays déjà à genoux. Aucun mot ne suffit à décrire l’énorme déflagration qui a ravagé Beyrouth, mardi 4 août en fin d’après-midi. Corps ensanglantés, hôpitaux dépassés, immeubles soufflés à des kilomètres à la ronde, voitures défoncées… La catastrophe qui a causé la mort de plus de 100 personnes et en a blessé près de 4 000 autres selon un bilan provisoire, serait, selon le président Michel Aoun, liée au stockage sans précaution dans un entrepôt du port de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium. Hautement explosif, ce produit, utilisé comme base dans de nombreux engrais azotés, est à l’origine de la catastrophe de l’usine AZF de Toulouse, le 21 septembre 2001.

Les explosions de Beyrouth « ressemblaient à un terrible attentat », a cru pouvoir affirmer Donald Trump après avoir rencontré des militaires américains, contredisant la thèse de l’accident mise en avant par les autorités libanaises. Quelle qu’en soit la cause, le gigantesque champignon orange et gris qui s’est élevé au-dessus du port de Beyrouth évoque implacablement l’implosion d’un système et la faillite de structures politiques censées permettre la reconstruction du Liban déjà dévasté par la guerre civile des années 1975-1990. La fin de l’interminable conflit n’a pas interrompu la descente aux enfers d’un pays autrefois qualifié de « Suisse du Proche-Orient » en raison de ses merveilles touristiques et de la sécurité de ses banques.

Sortir d’une impasse quasi existentielle

2020 devait être l’année de la célébration du centenaire de la création du pays du Cèdre, placé sous mandat français en 1920 et indépendant depuis 1943. Le millésime restera comme celui des catastrophes. Longtemps coffre-fort des élites de la région mais aussi réceptacle sanglant des innombrables rivalités du Proche-Orient, le Liban a plongé lorsque son système bancaire, objet de la prédation de ses élites politiques, s’est écroulé, provoquant l’effondrement de la monnaie nationale et une hausse astronomique des prix des produits de première nécessité. Beaucoup de Libanais peinent désormais à manger à leur faim. Même les classes moyennes, autrefois prospères, sont ravagées, oscillant entre colère et désir d’émigration. La déflagration du 4 août, les morts, les souffrances et les destructions frappent un pays déjà en état de choc.

Les manifestations de rue de l’automne 2019, au cours desquelles des dizaines de milliers de Libanais de toutes confessions ont clamé leur dégoût de dirigeants gangrenés par la corruption et réclamé la fin du communautarisme, ont fait croire, un temps, à un sursaut. Mais elles se sont étiolées, victimes de l’inertie du système et de la pandémie due au coronavirus. Le système politique, censé assurer une juste représentation des communautés religieuses – chiite, sunnite, chrétienne, druze –, est en réalité basé sur un partage du pays entre des chefs de clan indéboulonnables, souvent anciens chefs de milices armées, incapables de s’entendre et plus soucieux du maintien de leurs privilèges que du bien-être de la population.

Mosaïque de cultures et de religions, lieu de pluralisme dans une région déchirée, pont entre l’Orient et l’Occident, le pays du Cèdre est un bien précieux qu’il faut absolument défendre. La France y envoie un détachement de la sécurité civile et plusieurs tonnes de matériel sanitaire, et Emmanuel Macron a exprimé sa « solidarité fraternelle ». Les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni mais aussi l’Iran et le Qatar ont proposé leur aide. La solidarité internationale doit s’exercer à plein, non seulement pour panser les nouvelles plaies du Liban, éternel terrain de rivalités entre puissances étrangères, mais pour aider ce pays pas comme les autres à sortir d’une impasse quasi existentielle et à se réinventer


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