Le rêve de l’annulation du traité de “Lausanne” : Erdogan reconnaît devant Ataturk ses ambitions coloniales (1
Le président turc s’est tenu il y a quelques jours devant le mausolée de Kamal Ataturk pour lui confier ses ambitions hégémoniques en Méditerranée, de la Syrie à la Libye.
Le jour suivant, le président des Affaires religieuses Ali Arbach est monté sur le minbar de Sainte-Sophie à Istanbul, une épée à la main, une coutume des Ottomans depuis le sultan Mohammad le Conquérant.
En combinant les deux scènes, on prend conscience de la réalité des ambitions turques dans les pays voisins, visant à diviser la région et réaliser le rêve de l’annulation du traité de
Lausanne, en appliquant le Pacte National. En effet, suite à la défaite de l'Empire ottoman face aux Alliés, Kamal Ataturk présida Le Congrès national, durant lequel il prend la décision de former un nouveau gouvernement qui représenterait la Turquie à la place du gouvernement ottoman d’Istanbul. Et le 28 janvier 1920, il annonce l’adoption d’un Pacte national, visant à redessiner les frontières de la Turquie après la chute de l’Empire ottoman.
Le Pacte reconnaît la perte des wilayats arabes de l’Empire mais excepte le Kurdistan, le nord de l’Irak et le nord de la Syrie en les considérant comme parties de la Turquie nouvelle.
Mais les Alliés refusent le Pacte national, et Ataturk est obligé de signer l’accord de Lausanne le 24 juillet 1923, qui limite la république turque moderne à l’Anatolie et la Thrace orientale.
Pourtant, la nostalgie des régions arabes perdues n’a jamais abandonné les différents dirigeants turcs par la suite.
C’est ainsi que Turgut Ozal a tenté d’occuper le nord de l’Irak en 1990 et de l’annexer à la Turquie.
L’ex-président Abdullah Gul, l’un des principaux fondateu
développement, est aussi celui qui a le premier utilisé le terme « nouvel ottomanisme ».
Quant à Erdogan, il n’a cessé de faire allusion à la récupération du Pacte national pour justifier ses opérations militaires contre les régions perdues de la carte de ce Pacte : d’où les bases militaires au nord de l’Irak, les attaques au nord de la Syrie ou la turquisation du nord de Chypre.
Et l’Association du Centre des défenseurs de la justice pour les études stratégiques (ASSAM) présidée par Adnan Tanfirdi a tenté de promouvoir l’idée d’une Union islamique sous la direction d’Erdogan.
L’ASSAM a d’ailleurs préparé une constitution pour un Etat confédéral islamique ayant pour capitale Istanbul et dont le président serait le soi-disant calife.