Le retour raté de BHL en Libye
Bernard-Henri
Lévy était le week-end dernier en Libye, pays déchiré par une guerre civile. Le
conflit s’est mué depuis en une guerre régionale avec l’intervention de la
Turquie et de la Russie. Le philosophe et écrivain est revenu l’espace de
quelques heures sur le sol libyen. Mais sa visite a tourné court.
Il
n’était pas revenu en Libye depuis 2011. Sa visite a fait grincer des dents,
lui qui a milité pour l'intervention militaire contre Khadafi. BHL affirme que
c’est pour revoir ses vieux amis libyens qu’il s’est envolé samedi dans un
avion privé, avion qui s’est posé à l’aéroport de Misrata, à 200 km de Tripoli.
Le philosophe, reconverti en journaliste, dit être venu avec un visa en bonne
et due forme, et il a voulu se rendre ensuite dans la ville de Tarhuna dans
l’ouest, où des charniers ont été mis au jour après que la ville a été libérée
des troupes du maréchal Haftar.
"C’est une ville où il y a des
partisans d’Haftar, des partisans de Saraj [Le chef du GNA,
gouvernement d'union nationale reconnu par l'ONU],
des nostalgiques de Khadafi, des islamistes radicaux…" explique-il à
France Inter. "Il y a aussi le clan des Al Khani qui est
soupçonné par des ONG d’avoir commis un massacre de masse il y a quelques mois.
À la sortie de la ville, on a retrouvé des charniers. C’est là que mon convoi a
été pris à partie par des énergumènes qui ont tiré dans la direction de ma
voiture et de celles qui m’accompagnaient. Il s’agissait probablement des
éléments de la police locale. Ce n’est pas fréquent de se faire tirer dessus et
de se faire traiter de chien juif… J’ai pensé qu’il valait mieux écourter ma
visite", raconte
encore le philosophe.
Une
visite qui a provoqué critiques (et moqueries) sur les réseaux sociaux.
Dès
qu’il s’est posé à Misrata, tout son programme a en effet été rendu public sur
les réseaux sociaux, selon BHL, en particulier sur des pages Facebook liées à
la Turquie. La Turquie qui est partie prenante du conflit libyen.
"Je
me suis douté qu’il y aurait un incident à un moment donné de mon séjour. Ce
n’est pas moi, ni mes camarades qui avons commis cette imprudence. Je suppose
qu’il y a quelqu’un dans l’appareil d’État libyen qui a rendu public mon
itinéraire."
Il
est vrai que BHL n'est plus forcément le bienvenu en Libye, après son activisme
en faveur d’une intervention militaire menée en 2011 par la France, la Grande
Bretagne et les États-Unis. Ce à quoi il rétorque qu’il était aux côtés du
peuple libyen et qu’il continue de l’être en tant qu’homme de bonne volonté et
militant pour la paix. "Je suis accablé de
voir la Libye livrée à elle-même, abandonnée par l’Europe, livrée aux
influences délétères de la Russie et de la Turquie", regrette-t-il.
"La France s’honorerait de jouer un rôle
beaucoup plus actif dans le rapprochement de deux sociétés civiles dont je
pense qu’elles ne demandent qu’à se parler et à s’entendre."