L’escalade se poursuit entre la France et la Turquie
La France a annoncé mercredi 1er juillet son retrait temporaire de l’opération de
surveillance de
l’OTAN en Méditerranée « Sea Guardian », qu’elle appuyait avec un avion de patrouille maritime
et une frégate. Avec cette décision transmise mardi 30 juin par
l’ambassadrice française au secrétaire général de l’Alliance à Bruxelles, Paris
entend « mettre un coup de projecteur sur l’ambiguïté fondamentale
d’une opération antitrafics dans laquelle il y a des trafiquants », en
l’occurrence les Turcs, a précisé le ministère des armées.
L’escalade entre les deux alliés se
poursuit, après les déclarations lundi du président français, Emmanuel Macron,
évoquant la « responsabilité historique et criminelle » de
la Turquie en Libye. En violation de l’embargo sur les armes, Ankara y livre
des équipements au gouvernement d’accord national de Faïez Sarraj et achemine
des milliers de mercenaires syriens. Face aux critiques, le président turc,
Recep Tayyip Erdogan, défend son « soutien à un gouvernement
légitime reconnu par la communauté internationale » et reproche à
Paris son appui au camp opposé de Khalifa Haftar, approvisionné lui aussi
illégalement en armes par la Russie, les Emirats arabes unis et l’Egypte.
Le 10 juin, devant la Libye, la
frégate française Courbet, alors placée sous commandement de
l’OTAN, avait été visée par les radars de tir d’une frégate turque, l’Orucreis, qui
escortait un cargo soupçonné de transporter des armes vers Tripoli. Le
17 juin, la ministre Florence Parly a porté l’incident sur la table de
l’OTAN, recevant le soutien public de huit alliés européens. Le secrétaire
général, Jens Stoltenberg, a accepté une « enquête » sur ce que Paris
dénonce comme un acte « extrêmement agressif ».
Mais son rapport, classifié, a évité de
pointer une faute turque en dépit des éléments de preuve que Paris affirme
avoir fournis, notamment des interceptions de guerre électronique. « Il
y a eu une hésitation, regrette le ministère français, qui
s’explique par une habitude de nonchalance face aux écarts de conduite de la
Turquie, dans une structure peu enthousiaste à l’idée de se confronter au
problème. »