Un magazine conservateur appelle au retour du califat en Turquie
Voilà bien longtemps que Recep Tayyip
Erdogan est passé maître dans l’art de la provocation. Encouragé par la
mollesse des réactions de l’Occident et galvanisé par ses ambitions
nationalistes sur fond de nostalgie de la grandeur ottomane, le président turc
avance méthodiquement ses pions en multipliant les coups d’éclat, repoussant
chaque fois un peu plus les limites de l’acceptable pour l’Union européenne
(UE) et ses alliés de l’OTAN2
“Rassemblez-vous pour le califat”, titre la livraison hebdomadaire (datée du
27 juillet au 2 août) du magazine
turc Gerçek Hayat, à la suite de la reconversion très symbolique de la
basilique Sainte-Sophie en mosquée, déclenchant une tempête de protestations dans
le pays.
“Sainte-Sophie
et la Turquie sont libres désormais, si ce n’est pas maintenant, ce sera
quand ? Si ce n’est pas par toi, ce sera par qui ?”, interpelle le magazine sur
sa couverture.
Le califat Ottoman a été aboli en 1924 par le fondateur
de la République turque Mustafa Kemal Atatürk, dont la figure tutélaire est de
plus ouvertement critiquée par les soutiens du gouvernement conservateur de l’AKP. La récente reconversion en mosquée de Sainte-Sophie,
auquel Atatürk avait attribué le statut de musée, est vu par certains comme une
attaque contre le fondateur de la République et ses valeurs laïques.
Face à l’indignation d’une partie de l’opinion,
le porte-parole de l’AKP, le parti au pouvoir, s’est fendu d’un communiqué
affirmant que “ces polémiques et polarisations stériles sur la nature
du régime politique ne sont pas à l’ordre du jour de la Turquie”.
Le rédacteur en chef du magazine s’est défendu de toute
volonté de provocation : “En quoi est-ce de la provocation de
défendre l’union de tous les musulmans ? Il existe bien l’Union européenne
et d’autres unions de ce genre, nous nous appelons seulement à la solidarité, à
l’union de la communauté des musulmans, c’est notre droit le plus strict”.
L’hebdomadaire Gerçek Hayat fait
partie du groupe Albayrak, qui possède notamment le quotidien Yeni
Safak et dont le propriétaire est un proche du président Recep Tayyip Erdogan.