Turquie : jusqu’où Erdogan ira-t-il ?
Dans ses manœuvres, il n’hésite pas à avoir
recours à toute la palette de l’intimidation, des actes les plus symboliques
aux agressions délibérées. Il s’agit de tester adversaires et partenaires, qui
peinent à prendre la mesure de son jusqu’au-boutisme, tout en cherchant à
rehausser sa cote de popularité dans un pays qui s’enfonce dans la crise
économique.
La mise en scène organisée vendredi
24 juillet autour de la première grande prière islamique au sein de la
célèbre basilique Sainte-Sophie d’Istanbul, transformée en mosquée il y a
quelques jours, ne doit rien au hasard. Cette date correspond au 97e anniversaire
de la signature du traité de Lausanne, qui a tracé les frontières de la Turquie
actuelle, que M. Erdogan rêve de redessiner.
De « Boukhara à l’Andalousie »
Cet acte est un défi lancé au monde
occidental. Le président turc parle d’« une nouvelle conquête ».
Ce thème est aujourd’hui ressassé à l’envi dans les médias turcs
progouvernementaux. Il s’applique aussi bien à Sainte-Sophie qu’aux visées
expansionnistes à travers le monde, en Méditerranée, en Libye, en Syrie, dans
le nord de l’Irak, où l’armée turque a lancé récemment une offensive majeure
contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le 11 juillet, M. Erdogan a posté
une vidéo sur Twitter dans laquelle il affirme que la résurrection de
Sainte-Sophie en tant que mosquée a une valeur pour tout le monde musulman,
de « Boukhara à l’Andalousie », ouvrant la voie à
la « libération » de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem.