« Al-Aref billah » (celui qui connaît Dieu)… Sommet de la hiérarchie soufie
Sarah Rachad
Les soufis ont
divers rangs et degrés, en fonction de la capacité de chacun à parvenir à Dieu,
selon leur point de vue : du « muhibb » (celui qui aime Dieu)
jusqu’au « Aref billah » (celui qui connaît Dieu) capable de guider
les disciples vers Lui.
Le « Aref
billah » n’est pas seulement un concept soufi, mais est également utilisé
par certains courants religieux pour désigner un individu maîtrisant
parfaitement les sciences religieuses. Cependant, les soufis ont leur
conception propre à propos de ce terme, et le critère pour juger que quelqu’un
est « Aref billah » n’est pas, pour eux, son degré de connaissance
des sciences religieuses, mais l’aspect spirituel.
Ils lient la
notion de ma’rifa (connaissance) à la « maîtrise des sciences des vérités
et des secrets », car selon eux, la « lumière du discernement »
et la compréhension de la science religieuse ont lieu par le cœur et non pas
par la seule raison. En outre, d’autres notions sont liées à ce terme, comme celles
de « dévoilement » et d’ « inspiration », les soufis
croyant que ces derniers sont octroyés par Dieu à Ses serviteurs intimes et
qu’ainsi, Il retire leurs voiles et leur permet de voir ce que les autres ne
voient pas.
Les soufis
définissent le moyen de parvenir au degré de « Aref billah » par
l’effort et la sincérité dans l’adoration de Dieu, et ils expriment cela en
disant : « Fais un effort et tu seras témoin » :
c’est-à-dire que l’élévation en degrés est liée au degré d’effort fourni.
Cependant,
certains soufis séduits par les qualités des « Arefs » ont exploité
le caractère flou de la compréhension soufie du degré de « ‘Aref
billah » en faisant croire qu’ils y étaient parvenus, ce qui leur a valu
les critiques des autres courants religieux, et l’accusation de faire preuve
d’audace vis-à-vis de Dieu.
Le Cheikh
al-Ahsan al-Baaqili, l’un des symboles de la confrérie tijanie (confrérie
soufie répandue dans les pays arabes), affirme à propos de la notion de
« ‘Aref billah » : « lorsque le jurisconsulte s’élève en
degré, il devient soufi, et lorsque le soufi s’élève en degré, il devient
« ‘Aref », affirmant que le degré de « ‘Aref billah » est l’essence
de l’effort du soufi, et que le « « ‘Aref a un degré supérieur à celui du
jurisconsulte et du sage, car Dieu lui accorde le privilège de maîtriser ce
dont Il interdit la connaissance aux autres.