La Turquie n’est pas un État agressé mais un État agresseur
Jouant de la duplicité chère aux Frères musulmans auxquels il appartient, Erdogan n’est plus à une contradiction près. D’une part, il s’octroie des missiles qui constituent une menace potentielle sur une Union européenne membre de l’OTAN, et d’autre part, il adresse aux pays européens l’injonction de le soutenir contre la Syrie et son allié russe, au nom même de l’alliance transatlantique, qui oblige les États signataires à porter secours et assistance à tout autre État membre agressé ou menacé. Le problème, c’est que la Turquie n’est pas un État agressé mais un État agresseur, aussi bien vis-à-vis de la Syrie - où il cherche à préserver son armée irrégulière constituée de Daech, Al-Nosra, Al-Qaïda -, que de la Grèce sur laquelle il vient de larguer sa bombe migratoire, ce qui est en soi une déclaration de guerre.
Mais les provocations belliqueuses à l’encontre de la Grèce ne datent pas d’aujourd’hui. Déjà en octobre 2016, dans son discours de Rize, Erdogan faisait allusion aux «frontières du cœur» et aux territoires «historiquement turcs», notamment Thessalonique en Grèce. Et en mai 2018, il a publiquement menacé ce pays européen d’une invasion imminente des îles de la Mer Egée (grecques), plus que jamais revendiquées par Ankara en raison des gisements gaziers qui y ont été découverts. Il évoquait aussi la possibilité de réviser le Traité de Lausanne de 1923, dans lequel la Turquie s’estime avoir été lésée, feignant d’ignorer qu’elle a au contraire agrandi son territoire par rapport au Traité de Sèvres de 1920, aux dépens de la Grèce et de l’Arménie.