À la recherche d'une nouvelle “profondeur stratégique” ?
Désormais, la marche turque vers la puissance semble plus que jamais compromise. Les coûts de l’enlisement de la Turquie dans la crise syrienne ont révélé que le Moyen-Orient, au lieu d’être un tremplin pour Ankara, représente un frein, un handicap et une épine dans le pied. Surtout, avec la démission d’Ahmet Davutoğlu, qui a été l’architecte de la diplomatie turque, la politique étrangère turque est devenue un bateau ivre, sans repères.
Après l’aventure moyen-orientale de la Turquie qui aura duré plus d’une décennie (2002-2018), un désir de désengagement de cette région est dorénavant perceptible dans les cercles diplomatiques turcs. Ankara est désormais à la recherche d’une nouvelle sphère d’influence plus facile à contrôler que la région complexe et conflictuelle du Moyen-Orient. D’où le pivot vers l’Asie orientale et l’Afrique, où Ankara déploie actuellement une politique économique et socioculturelle active.
Cette quête continue d’une “profondeur stratégique” et ce jonglage diplomatique permanent apparaissent en fait révélateurs d’un problème essentiel : la Turquie n’a toujours pas tranché la question de son identité… Est-elle européenne, orientale, occidentale, asiatique ? Cette volatilité identitaire constitue à la fois sa force et sa faiblesse…