Ankara et le défi des révolutions arabes
Le déclenchement des révolutions arabes en 2011 a pris Ankara au dépourvu. Face à la nouvelle donne, la Turquie s’est d’abord montrée prudente, avant d’emboîter le pas au changement. Lors des premières révolutions (Tunisie, Égypte, Libye), la réponse d’Ankara a consisté à attendre que les régimes soient renversés pour ensuite se présenter comme le parrain des révolutionnaires. Elle leur a proposé un savoir-faire en matière de transition vers la démocratie à travers la mise en œuvre du côté opérationnel du “modèle” turc.
Surtout, au lendemain des révolutions, Ankara a fait le pari d’une victoire des groupes islamistes arabes aux urnes, ces groupes étant les mieux organisés et les plus présents sur le terrain. La Turquie s’est donc employée à se rapprocher des Frères musulmans en Égypte, d’Al Nahda en Tunisie et du Parti de la justice et du développement au Maroc. Elle leur a offert un soutien logistique et financier, de façon à les “clientéliser”. À travers la cooptation de ces islamistes, la Turquie voulait garantir que l’ordre régional post-printemps arabes gravite autour d’elle. Elle voulait que les islamistes la considèrent comme leur source d’inspiration et leur “sponsor”.