Publié par CEMO Centre - Paris
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L’engagement militaire turc en Libye : entre aide et défense de ses propres intérêts

vendredi 17/juillet/2020 - 08:34
La Reference
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Le 4 janvier 2020, le Parlement turc a été amené à approuver une motion permettant au président Recep Tayyip Erdoğan d’envoyer des forces militaires en Libye pour soutenir le Gouvernement d’Union Nationale libyen (GUN) de Fayez El-Sarraj, qui se bat contre les forces du maréchal dissident Khalifa Haftar. Depuis plusieurs années, la Libye pâtit d’une dualité de pouvoir entre le GAN, basé à Tripoli et reconnu par l’Organisation des Nations Unies (ONU) et l’Union Européennes (UE), et le Parlement élu, installé à l’est du pays à Tobrouk, sous la protection de l’Armée nationale libyenne. Le conflit libyen provoque des rivalités régionales entre les pays voisins, qui soutiennent l’un des deux camps : l’Algérie et la Turquie se rangent du côté du gouvernement de Fayez El-Sarraj tandis que l’Égypte, les Émirats arabes unis, et l’Arabie Saoudite soutiennent le maréchal Haftar. Aussi, en mars 2011, la Turquie avait vivement critiqué l’intervention militaire internationale, autorisée par la résolution 1973 du Conseil de sécurité1, qui se voulait soutenir le soulèvement populaire en Libye. Elle avait finalement participé à l’exclusion aérienne et au blocus maritime après que l’opération ait été reprise par l’OTAN, mais en apportant une aide principalement humanitaire afin de rester en dehors de toute action militaire. Puis, affirmant officiellement son soutien envers le soulèvement populaire, elle s’était prononcée en faveur de la démission de Mouammar Kadhafi, fermé son ambassade à Tripoli et soutenu financièrement le Conseil National de Transition (CNT), participant ainsi à la reconstruction du pays auprès du gouvernement qu’elle jugeait comme étant désormais le gouvernement officiel de la Libye (voir notre édition du 26 août 2011).

Depuis l’offensive du maréchal Khalifa Haftar sur Tripoli, débutée le 4 avril 2019, la situation de la Libye préoccupe de nouveau la communauté internationale : plus de 280 civils et 2 000 combattants ont été tués, et plus de 170 000 habitants ont été déplacés, selon les chiffres de l’ONU. Les livraisons d’armes aux belligérants se sont accentuées, et ce malgré la prolongation de l’embargo sur les armes en Libye décidée en juin 20192. L’envoi d’armes et de soldats turcs sur le sol libyen par le gouvernement d’Erdoğan apparaît comme un revirement d’attitude par rapport à l’ancienne position de la Turquie qui, jusqu’alors, s’était toujours opposée à intervenir directement dans le conflit et qui, continue de déclarer que l’option militaire n’est pas celle qui permettra une résolution de la crise en Libye.

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