Publié par CEMO Centre - Paris
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Les acteurs et enjeux de l'offensive turque en Syrie en questions(1)

lundi 13/juillet/2020 - 09:37
La Reference
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Pourquoi la Turquie intervient-elle militairement en Syrie?

L’objectif du président turc Recep Tayyip Erdogan est double: "nettoyer" la zone sud de sa frontière avec la Syrie des éléments qu’il désigne comme "terroristes", c’est-à-dire de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). En second lieu, le chef de l’État turc promet la relocalisation d’une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens présents en Turquie dans cette "zone de sécurité" au nord de la Syrie. Officieusement, M. Erdogan, en perte de popularité, cherche à resserrer autour de lui le camp nationaliste. Il entend également s’assurer que la Turquie reste un acteur majeur dans les négociations pour un règlement de la crise syrienne.


Quelle est la stratégie militaire de la Turquie?

Le ministère turc de la Défense s’appuie sur une stratégie terrestre et aérienne. Le but est d’installer une "zone de sécurité" d’environ 30 km de profondeur sur 120 km de long entre les villes frontalières syriennes de Tal Abyad et de Ras al-Aïn. L’armée a déployé plusieurs brigades au sol, environ 6.000 combattants turcs, renforcés par 6.000 combattants syriens supplémentaires, issus des rangs de l’Armée nationale syrienne (ANS), anciennement Armée syrienne libre (ASL). Dans un second temps, le pouvoir turc n’exclut pas de s’enfoncer davantage en territoire syrien, aidé par sa force aérienne, si la situation le permet.


Qui sont les supplétifs syriens alliés d’Ankara sur le terrain?

Les hommes en treillis kaki qui prennent les villes et les villages du nord-est de la Syrie appartiennent à l’ANS, composée de plusieurs factions de combattants syriens recrutées par la Turquie. Ils appartiennent pour la plupart à l’ancienne ASL, c’est-à-dire aux opposants de la première heure au régime de Bachar el-Assad. Même si au départ, cette force était à composante laïque, certains éléments ont été radicalisés au cours du conflit. "Beaucoup se sont fait absorber par des groupes comme al-Nosra (branche syrienne d’al-Qaïda) ou l’État islamique. Même s’ils n’en font plus partie aujourd’hui, ils peuvent avoir gardé des affinités avec ces groupes", souligne Olivier Grojean, maître de conférences en science politique à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et spécialiste de la question kurde.


Qui sont les Unités de protection du peuple visées par la Turquie?

Les Unités de protection du peuple (YPG) sont la branche armée du Parti de l’union démocratique (PYD) en Syrie. Ce parti politique kurde syrien est une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe armé kurde en conflit avec la Turquie depuis 1984, classé terroriste par la Turquie, l’Union européenne et les Etats-Unis. Les YPG ont été décisifs dans la lutte contre l’État islamique (EI). Alliés locaux des Etats-Unis et de la coalition internationale, les YPG, au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS) arabo-kurdes, sont venus à bout de l’EI dans plusieurs de leurs fiefs régionaux, comme à Raqqa en 2017.

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