Publié par CEMO Centre - Paris
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Intervention turque en Syrie : « La fuite en avant d’Erdogan »

mardi 07/juillet/2020 - 08:08
La Reference
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Le politiste turc Ahmet Insel considère, dans une tribune au « Monde », que l’intervention décidée par le président turc en Syrie poursuit surtout des buts de politique intérieure, alors que la population exprime un mécontentement croissant à l’égard du régime

Les dictatures et les autocraties en déclin précipitent souvent leur chute par des aventures militaires hasardeuses. En prenant le risque de s’enliser en Syrie, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, pourrait avoir fait le pas de trop et accélérer la fin de son règne autocratique. Largement condamné par la communauté internationale, combien de temps peut-il espérer continuer cette offensive quand bien même son pays, de par sa position géostratégique, continue d’être pour les Occidentaux un allié essentiel ?

L’armée turque occupe déjà la zone d’Al-Bab depuis août 2016 et celle d’Afrin depuis janvier 2018. Cette troisième opération, baptisée « Source de paix », a été rendue possible par l’annonce inattendue de Donald Trump, le 6 octobre, du retrait immédiat des militaires américains de leurs postes d’observation près des villes syriennes de Tel Abyad et Ras Al-Aïn, le long de la frontière. Annonce faite contre l’avis du Pentagone et d’une grande partie des membres du Congrès américain.

La Turquie demandait depuis quelques années aux Etats-Unis la mise en place d’un « corridor de sécurité » dans le nord de la Syrie. En août dernier, les deux parties s’étaient mises partiellement d’accord. Mais Recep Tayyip Erdogan voulait bien plus que des patrouilles communes américano-turques sur une partie de la frontière. Il veut contrôler, en appui avec les supplétifs de l’Armée libre syrienne, un territoire s’étendant jusqu’à 30 km de profondeur.

Nous ne savons pas, pour le moment, quelle sera la réaction des Forces démocratiques syriennes, à dominante kurde, face à l’intervention d’Ankara. Abandonnées par leur allié américain, mais lourdement armées par lui, vont-elles montrer une résistance farouche contre les occupants ou se tourneront-elles vers Damas pour demander protection, abandonnant en grande partie leurs velléités d’autonomie ?

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