Publié par CEMO Centre - Paris
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Doha cherche sa survie en multipliant ses investissements en Turquie

vendredi 03/juillet/2020 - 09:30
La Reference
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Avec le déclenchement du blocus décidé par l'Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis en tête en 2017, le Qatar s'est retrouvé du jour au lendemain en grand danger économique et victime d'une crise humaine sans précédent.

Isolé du monde, le petit Emirat a dû rapidement organiser sa survie et par un processus de résilience inédit depuis son indépendance en 1971, Doha est parvenue à sortir la tête de l'eau en moins de trois mois. Aujourd'hui, même s'il coûte cher au pays, le blocus et ses effets ne se font quasiment plus ressentir. Ça s'appelle une gestion de crise réussie. 

Si les choses se sont passées ainsi, c'est que le pays a pu compter dès  juin 2017 sur deux alliés régionaux essentiels sur le plan économique : l'Iran et la Turquie. Si Doha a des vues divergentes claires et nettes avec ces alliés du moment, il n'a pas oublié ce qu'Ankara et Téhéran ont fait pour lui quand le pays était au plus mal. En effet, la Turquie faisait parvenir vivres et militaires pour défendre l'Émirat.

Le Qatar n'est pas dupe : il sait très bien que et la Turquie et l'Iran n'ont pas vraiment bonne presse, et alors qu'il est sorti vainqueur de la cabale ourdie par ses voisins, il a aussi bien compris que ces alliés sont des pivots stratégiques majeurs pour la région et que participer indirectement à leur déstabilisation n'aurait à terme rien de bon pour l'ensemble du monde arabo-musulman. 

Le Qatar a également annoncé vouloir investir 15 milliards de dollars en Turquie, qui se trouve en grande difficulté économique depuis le début de l'année. Pour Doha, c'est un juste retour des choses et une forme de solidarité à un moment où, par la politique tous azimuts et extrémiste d'Erdogan, le pays est fâché avec beaucoup de ses voisins, mais également avec les États-Unis. Mais il n'a pas besoin d'une quelconque déstabilisation qui pourrait s'apparenter à un printemps turc en gestation dangereux pour toute la région et ses pays frontaliers. Si la livre turque a perdu 40% de sa valeur depuis le début de l'année, l'annonce du Qatar a immédiatement rapporté la confiance sur les marchés.

Qui pourrait contester que la Turquie soit une des plus grandes puissances de la région et la première armée du Moyen-Orient ? Certes, et on pourrait le regretter, Erdogan a été réélu de manière fantaisiste récemment, mais il a largement déçu la population en matière de gestion de la crise. Pour le Qatar, à l'image de sa relation avec l'Iran qui est avant tout économique, sa relation avec la Turquie se veut une relation de coopération qui puisse maintenir à flot un partenaire majeur et un allié historique de l'Occident puisque membre de l'OTAN. Il ne faut donc pas désespérer de ce dernier.

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