Bosnie-Herzégovine : La Turquie se faufile dans les Balkans en Nouveaux Ottomans
Chaimaa Hefzi
L'Etat turc qui
est toujours dirigé par Recep Tayyip Erdogan profite de tout ce qu’il juge
nécessaire pour réaliser son rêve de d’un éventuel retour du « califat ottoman
». Ce qui se passe dans les Balkans est le meilleur témoignage de cette exploitation
turque même si cela est au détriment de la question « humanitaire » concernant
en premier lieu les musulmans bosniaques.
La Bosnie-Herzégovine
est l'une des principales régions des Balkans qui aient subi des
transformations importantes en particulier entre 1992 et 1995 quand les
musulmans ont été persécutés racialement et dont le mal a atteint le degré de
génocide et crimes de guerre.
Après la fin de
« l'ère de la purification ethnique » pratiquée par les Serbes contre les
musulmans, la Turquie essaie maintenant d'étendre ses racines en
Bosnie-Herzégovine, en profitant de la soif des musulmans bosniaques d’avoir
les mosquées et revenir à l'esprit de l'Islam.
Selon une étude
intitulée « Les nouvelles activités turques dans les Balkans
occidentaux: ambitions et obstacles » publiée en 2013, la Turquie est
retournée dans les Balkans occidentaux en 2009 après avoir pris la gestion du Processus
de Coopération en Europe du Sud-Est (SEECP).
La Turquie a
adopté une initiative sur la Bosnie-Herzégovine qui en revanche a été critiquée
du fait que cette initiative ne soit dirigée que par le désir et les
motivations d'Ankara de retrouver son pouvoir et son influence antérieurs dans
la région, dans le seul but de raviver son passé ottoman. Accusations que
rejette la Turquie.
En janvier
2011, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoğlu, a déclaré que
la Turquie deviendrait l'une des plus grandes puissances économiques du monde
en 2023 et disposerait d'une tâche régionale et mondiale efficace pour jouer un
rôle dans la région.
Selon ladite étude,
l'ambition de la Turquie ne peut pas être réalisée de bonne foi, d'autant plus que
l'efficacité de la Turquie dans les pays des Balkans renforce ces craintes,
comme indiqué dans le sermon de Davutoğlu à Sarajevo le 16 octobre 2009.
Les objectifs
de la politique étrangère turque est de mettre les Balkans, le Moyen-Orient et
le Caucase au cœur de la politique mondiale dans le future. Cette déclaration a
été interprétée comme une promotion des soi-disant "nouveaux
Ottomans", montrant que l'intervention de la Turquie dans les Balkans
revêt un caractère idéologique avec des racines historiques et religieuses.
Dans une déclaration
du président turc Recep Tayyip Erdoğan en novembre 2018, lors d'un discours sur
le 25e anniversaire de la Bosnie, il a déclaré publiquement que le
défunt président bosniaque, Alija Izetbegović, lui avait endossé la
responsabilité de veiller sur la Bosnie-Herzégovine. Avant sa mort il m'a pris
la main en disant: « Protégez la Bosnie. »
Les raisons
d'intérêt d’Ankara
L’intérêt accu de
la Turquie pour les Balkans est dû à cinq principales raisons:
1. La Turquie a partagé une longue histoire avec
les peuples des Balkans. Les deux peuples se connaissent culturellement les uns
les autres.
2. Les Turcs vivent dans les Balkans. Après des
siècles d'immigration, une partie de la société turque et les communautés
musulmanes vivant dans les Balkans sont étroitement liés.
3. Les pays des Balkans ont une importance
géographique stratégique pour la Turquie, car tous les problèmes de cette
région les affectent sur le plan politique et économique, d'autant plus que la
coopération économique avec les pays des Balkans augmente avec la stabilité.
4. Les citoyens turcs d’origine balkanique sont
considérés comme des groupes de pression en Turquie.
5. Les Balkans représentent une garantie qui
soutiendra l'adhésion future de la Turquie à l'Union européenne et c’est pour
cela que la Turquie s'efforce d'améliorer ses relations avec les Balkans
occidentaux.
Selon l'étude,
la Turquie s'intéresse principalement aux Balkans et particulièrement à la Bosnie-Herzégovine,
parce que les cercles les plus religieux en Turquie considèrent Sarajevo comme
"Jérusalem de l'Europe" et que la Turquie peut également être
considérée comme le porte-parole de la Bosnie-Herzégovine dans les forums
internationaux.