Municipales à Toulouse : les lobbys turcs et fréristes tentent d’influer les élections
L’actuel maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc a reçu le soutien officiel de l’Association Culturelle Franco-Turque de Toulouse (ACFTT). L’ACFTT est rattachée au DITIB, l’organisation de l’Islam officiel Turc de France. DİTİB est l’abréviation de Diyanet İşleri Türk İslam Birliği, qui signifie l’Union Turco Islamique des Affaires Religieuses. Voici un extrait du communiqué :
Monsieur le Maire Jean-Luc Moudenc a toujours su prêter une attention singulière de loin comme de près, aux actions citoyennes et humaines de terrain portées par l'Association Culturelle Franco-Turque, fléchées sur le mieux-vivre ensemble, la co-construction de richesse interculturelle entre la municipalité, la société civile franco-turque et les chefs d’entreprises franco-turcs. Dans ce sens, tous les membres du conseil d’administration, du bureau, les adhérents, les membres sympathisants, et l’ensemble de la communauté franco-turque toulousaine, appellent à voter massivement, pour le maire sortant de Toulouse Jean-Luc Moudenc le 28 juin 2020 »
Le DITIB qui contrôle l’ACFTT est rattaché au Diyanet, le ministère des Affaires religieuses de Turquie qui gère plus de 270 lieux de cultes en France (dont un à Toulouse).
Le porte-parole de Jean-Luc Moudenc, Pierre Espuglas confirme à France télévision une rencontre du maire avec la communauté turque "comme avec d’autres communautés le dimanche 21 juin. Une rencontre catégorielle avec des chefs d’entreprises mais pas seulement."
Mais d’autres partisans d’Erdogan, moins nombreux, au sein de l’Union des Démocrates Musulmans de France, soutiennent un autre candidat, l’opposant Antoine Maurice d’une liste de gauche intitulée En avant Toulouse, faute d’avoir pu monter leur propre liste. Son représentant toulousain, Mhamdi Taoufik, demande « aux musulmans de Toulouse qui ont un amour fou de la République mais surtout de la religion » (SIC) de faire « tout leur possible pour faire un barrage » au maire sortant, Jean-Luc Moudenc. L’objectif (affiché) de l’UMDF est clair : « donner la victoire à Antoine Maurice ».
L’Union des démocrates musulmans français (UDMF) est un parti politique français fondé en novembre 2012 par Nagib Azergui, qui soutient le président Erdogan. Azergui est souvent invité à s’exprimer sur la chaine frériste IQRAA. Il y a pris position contre la loi de 2004 interdisant le port du voile à l’école publique : « La loi de 2004 sur l’interdiction du voile à l’école est clairement liberticide[1] ». On ne s’étonne donc pas de voir le compte Twitter de l’UDMF partager les communiqués de l’ex-UOIF , « Musulmans de France », ouvertement frériste, et Azergui de féliciter le président Erdogan lors de son élection le 24 juin 2018, protecteur de la confrérie islamiste. Le lycée islamique Averroès de Lille de la même mouvance voit son actualité également relayée. Un des derniers combats d’Azergui a été de défendre la chanteuse voilée Mennel qui partage les publications des prédicateurs fréristes Hassan Iquioussen et Tariq Ramadan.
Une liste UDMF a pu se monter à Joué-les-Tours , et le président Azergui de se féliciter « Le grand remplacement est en marche dans les urnes de la république » sur son compte Twitter le 12 mai 2019.
A Toulouse, le résultat des élections sera serré dimanche, et le vote musulman paraît bien partagé !