Abandonnant la politique du zéro problème: Erdogan intervient militairement au Moyen-Orient pour réaliser les rêves ottomans
Ahmad Sami Abdel Fattah
Les interventions militaires représentent un tournant dans la politique étrangère de la Turquie, qui adoptait jusqu’alors la politique du « zéro problème » avec ses voisins, à l’époque d’Ahmet Davidoglu, qui a occupé les fonctions de premier ministre et ministre des Affaires étrangères.
Cette politique visait aussi à neutraliser le rôle de l’armée en politique.
Mais après le putsch manqué de 2016, le Parti de la justice et du développement a introduit des amendements constitutionnels accordant d’énormes pouvoirs au président, qui a renforcé son contrôle de l’institution militaire.
La Turquie intervient alors militairement en Syrie, sous prétexte d’affronter les organisations kurdes armées.
Mais c’est avec l’intervention en Libye que la Turquie participe pour la première fois à des combats dans un pays non voisin pour y réaliser des objectifs économiques. Les relations avec les pays arabes commencent alors à se détériorer.
Finalement, on peut attribuer la politique d’intégration militaire directe suivie récemment par Ankara à diverses causes :
Tout cela a entraîné une détérioration des relations turques avec les pays arabes, du Golfe en particulier.
Au niveau économique, la livre turque a chuté nettement par rapport au dollar, tandis que les investissements étrangers ont régressé de 22% en 2019, sachant que les pays du Golfe sont le troisième investisseur étranger en Turquie.
Enfin, il faut indiquer que ce changement brusque de la politique étrangère de la Turquie est largement lié à la tentative manquée de coup d’état en 2016, et aux nouvelles prérogatives octroyées au président, ce qui a permis au Parti de la justice et du développement de confier à l’armée turque des missions à l’extérieur des frontières.