Les communautés turques : outil d’Erdogan pour une invasion en douceur de l’Europe
Chayma Yahya
Le rôle des communautés turques dans les sociétés européennes se manifeste essentiellement dans les mosquées et les associations islamiques qui ont été utilisées souvent comme moyens d’espionnage des opposants.
DITIB (Union des Affaires culturelles turco-islamiques) est la plus grande organisation de la communauté turque d’Europe, et elle dépend directement d’Ankara. Elle supervise 900 mosquées sur les 2400 d’Allemagne. En 2018, le soutien financier que lui accorde le gouvernement allemand a chuté à 300000 euros (contre 1,5 million en 2017) suite à des soupçons pesant sur elle.
DITIB est devenue un outil pour réaliser les intérêts du Parti de la justice et du développement. L’Union a été accusée, après le coup d’état manqué de 2016, d’espionner les opposants d’Erdogan au sein de la communauté turque, et ses imams suspectés de jouer un rôle politique plus que prédicateur.
Les communautés turques ont également joué un rôle politique en Europe par le biais des élections, et les renseignements allemands ont classé le « Parti de la libération » (Hizb al-Tahrir) parmi les partis appelant à la violence pour réaliser leurs buts, et l’ont interdit.
Et avec le recul du soutien au Parti de la justice et du développement de la part des Turcs résidant en Europe, qui est apparu clairement avec leur refus des amendements constitutionnels ayant transformé la Turquie en régime présidentiel, et leur vote en faveur des partis d’opposition en juin 2018, DITIB a commencé à apparaître comme un outil du régime, et de sa propagande visant à faire revivre l’empire ottoman.
Finalement, la Turquie a utilisé ses imams en Europe pour se présenter comme le défenseur de l’islam, tout en cherchant à mettre les courants de l’islam politique en Occident au service de son agenda.
