Pour davantage de répression contre le peuple turc, Erdogan et son parti font croire à la comédie d’un nouveau putsch
Mahmoud al-Batakouchi
Le discours s’est répandu récemment en Turquie sur l’imminence d’un soi-disant nouveau putsch, aussi bien parmi les cadres du parti de la justice et du développement au pouvoir que parmi les responsables des médias ou les personnalités religieuses proches du régime.
C’est ainsi que le Cheikh Ahmad Mahmoud Onlu proche du président turc a affirmé qu’il prévoyait un nouveau coup d’Etat militaire en Turquie dans 6 ou 7 mois – ce qu’il avait déjà dit avant la tentative manquée de coup d’Etat du 15 juillet 2016.
Cela confirme qu’Erdogan cherche à utiliser la question du coup d’Etat pour durcir la répression et mobiliser ses électeurs, de même qu’il avait organisé le coup d’Etat de 2016 pour se présenter en victime et resserrer les rangs de ses supporters, avant de donner sa forme finale à son régime autoritaire.
Suite à l’aggravation de la crise économique dans le pays et à la mauvaise gestion de la pandémie du coronavirus, la popularité d’Erdogan a chuté, et en cas d’élections libres, il sait qu’il perdrait son trône, comme l’a déjà prouvé la perte par son parti des principales villes aux élections municipales de l’année dernière : Ankara, Istanbul, Antalya et Izmir.
C’est ainsi que les bruits sur l’imminence d’un coup d’Etat lui ont permis de renforcer son contrôle de l’institution militaire, et il a ordonné récemment l’arrestation de 700 personnes dont 157 militaires.
Par ailleurs, Erdogan prépare depuis longtemps un combat armé entre les islamistes et les laïcs qu’il espère exploiter pour provoquer une révolution islamique et créer sa République islamique avant l’exacerbation des divisions internes et de la crise économique, en tant que seul choix pouvant le sauver de l’incarcération après avoir quitté le pouvoir, étant donné la corruption dans laquelle il a été impliqué.
Dans cette perspective, il a renforcé le pouvoir des forces de sécurité intérieures face à l’armée, avant de constituer récemment de nouvelles forces de protection face aux forces de sécurité intérieures, outre la société Sadat de conseil militaire pour protéger son trône.