L’étudiant turc: serviteur de la politique hégémonique d’Erdogan
Sarah Rachad
A côté de la force militaire, la Turquie recourt depuis quelque trente ans à la « force douce ».
Cette force douce va de la diplomatie populaire à l’exportation de la culture turque, voire à la poursuite d’études en Turquie.
Cela a donné naissance au phénomène des « Arabes turcs » alliés de la Turquie, même au détriment des intérêts de leurs pays.
C’est ainsi que la Turquie a commencé par viser les étudiants de langue turque des pays de l’ex-Union soviétique après sa chute, en leur offrant des facilités matérielles pour les inciter à venir poursuivre leurs études en Turquie.
Et ce n’est que tardivement, suite au « Printemps arabe » qu’elle s’est mise à viser les étudiants arabes.
Par ailleurs, Ankara accorde une importance particulière au domaine politique et économique, car les diplômés de ces disciplines seront ceux qui décideront des alliances de leurs pays dans l’avenir.
Le chercheur Abdel Qader Mohammad Ali note ainsi que le budget consacré par la Turquie aux étudiants étrangers est passé à 209 millions de livres turques en 2014.
Par ailleurs, les réseaux turcs visant à attirer les étudiants sont nombreux : association gouvernementale MinhaTurkia, Banque islamique de développement, Wakf de la Diyanet turque, ainsi que les organisations de la société civile et les programmes d’échanges étudiants.
Quant au directeur de Centre de Recherches stratégiques Bossam Saïd Bilmaz, il a expliqué dans une étude intitulée « qu’est-ce que la force douce et comment est-elle appliquée », il insiste sur l’élaboration d’un plan garantissant la permanence des contacts avec les diplômés y compris après leur retour dans leurs pays.
Il indique la nécessité d’utiliser ces diplômés au profit de la politique étrangères turque, en leur accordant un soutien à l’intérieur de leurs pays, pour pouvoir accéder à des postes de direction, de façon à garantir le soutien de ces pays à la Turquie.
