Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad

Les institutions d'Erdogan dans le Golfe 1-2

dimanche 30/septembre/2018 - 11:58
La Reference
طباعة

Maher Farghali

 

 

Les activités de la Turquie dévoilent ses tendances à cibler les communautés et régimes arabes et islamiques. Elle affiche un large intérêt sans précédent, vis-à-vis de ses voisins arabes. Les raisons sont claires. La Turquie agit, à présent, dans la région arabe en adoptant le terme de la "diplomatie générale". C'est un terme ancien et un projet stratégique dont bénéficiaient les grandes puissances pour renforcer leur pouvoir. Un siècle après avoir abandonné la région, la Turquie a résolument décidé d'entreprendre des démarches vigoureuses pour récupérer la région arabe, exploitant et mobilisant le groupe des Frères musulmans.

 

Des associations turques de pénétration

 

Des associations et des institutions turques ont représenté plusieurs axes d'action, supervisées par des hommes d'affaires proches des décideurs. Des institutions de services et de financement ou d'autres travaillant dans le secteur médiatique. Ces institutions ont constitué la force douce ayant aidé à recréer l'empire ottoman depuis l'Afrique du Nord et jusqu'au Plateau iranien et l'Asie Centrale. Les médias ont en fait un rôle efficace et profond dans la propagande pour les régimes politiques, ce qui a poussé la Turquie à créer un certain nombre d'institutions et de bureaux dans plusieurs pays arabes. Elle a également créé la chaîne turque "trt" qui incarne la culture turque, pour la transmettre au monde arabe.

Le régime turc a eu recours à des outils officiels ou à des mouvements intellectuels comme le mouvement qu'Erdogan avait exploité au début de son pouvoir. C'était un mouvement qui a pris l'éducation comme outil pour couronner de succès ses efforts.

Entre autres mouvements, celui de l'Association d'hommes d'affaires en Turquie et dans les pays arabes. Comme son nom l'indique, cette association vise les hommes d'affaires pour nouer des liens avec les institutions sociales et commerciales arabes pour renforcer les relations d'amitié.

Les institutions turques sont passées par trois phases. La première c'est la paralysie ou la stagnation. C'est justement la phase où l'Etat turc de Kemal Atatürk accordait un grand intérêt à l'Europe. Le monde islamique ne l'attirait en aucune sorte, à l'époque.

La deuxième phase est celle de l'élan. C'est cette période qui a suivi l'accession du Parti de la Justice et du Développement au pouvoir. C'est la phase "erdoganienne", qui s'est basée sur la diplomatie générale et l'extension régionale. Après l'accession au pouvoir de ce parti, toutes les relations turques ont été forgées à nouveau, comme Ahmet Davutoglu s'est exprimé en disant : "Peut-être la majorité écrasante des entités arabes a-t-elle abordé la présence turque dans la région, et tendait-elle à présenter des recettes du déjà-vu pour le conflit entre la laïcité et l'islam en Turquie, mais nous tendons à renouer les relations arabes".

 

 

 

Les véritables intentions

 

Quelles que soient les intentions turques, ses activités, ses positions et ses politiques servent son grand projet de retour et de recréation de l'Etat ottoman. Il reste cependant plus ou moins ambigu, la capacité politique et militaire à concrétiser cette vision. C'est justement pour cette raison que la Turquie déploie le maximum d'efforts pour hausser le taux de commerce avec ses voisins d'Orient, même si son volume demeure beaucoup plus inférieur à celui noué avec les pays européens.

Depuis le début de son pouvoir et jusqu'à nos jours, Erdogan a toujours affirmé, que tout comme Turgut Özal, il aura recours à la force douce, via les communications culturelles et économiques pour travailler à recréer la nouvelle version de l'empire ottoman. Il exploitait la religion islamique et l'appui aux groupes islamistes, car les liens religieux authentiques dans les régions du Moyen-Orient et de l'Océan Pacifique, sont capables de créer des relations politiques et d'affaires, et c'est ce qui s'est effectivement passé avec le retour de la Turquie vers la région.

 

La dimension commerciale et économique

 

La dimension la plus importante exploitée par la Turquie pour pénétrer dans la région, fut les institutions économiques. Les intellectuels et analystes révèlent là l'exemple de l'ouverture d'une fameuse chaîne de supermarchés turcs, ayant ouvert près de 54 filiales dans les pays voisins.

 

L'Association des hommes d'affaires turcs

 

C'est une association, même si apparemment à caractère commercial et économique, mais elle porte dans ses replis, des concepts intellectuels, politiques et religieux, qui servent la propagande turque, par le biais de ses activités à l'intérieur tout comme à l'extérieur du pays.

Cette association est aujourd'hui le plus grand rassemblement économique en Turquie, regroupant près de 2.650 membres représentant des milliers d'entreprises.

 

Les institutions caritatives à dimension humanitaire

 

Le principe de la politique extérieure turque, consiste à influencer les provinces à l'intérieur du pays ainsi qu'à l'extérieur dans les pays voisins. La Turquie a donc exploité les institutions caritatives pour servir ses aspirations d'extension régionale et pour notamment influer sur la région, économiquement et culturellement parlant. L'institution turque "Tika" incarne donc ce modèle qui vise à consolider le projet turc d'ascension stratégique régionale et à redorer le blason de la Turquie.

"