Allemagne : le plus grand abattoir d'Europe, nid à Covid
Depuis le début de la pandémie, les abattoirs allemands se révèlent être de redoutables foyers de contamination. Cette fois-ci, c'est Tönnies, le plus grand abattoir d'Europe, qui est massivement touché. Sur les 1 106 employés qui ont déjà été testés, 730 sont porteurs du virus et ont immédiatement été placés en quarantaine. Et ce n'est peut-être que la pointe de l'iceberg. Dans les prochains jours, l'ensemble des salariés de l'entreprise, soient 5 350 personnes supplémentaires, sera testé. Pour le moment, les employés de Tönnies sont confinés à l'intérieur de l'usine qui devrait continuer de tourner pendant quelques jours, le temps d'abattre et de transformer les bêtes qui s'y trouvent encore. Mais les cadences ont été ralenties et le nombre des employés présents sur les chaînes de production a été limité au strict minimum. Par mesure de précaution, les autorités du Land ont ordonné la fermeture des jardins d'enfants et des écoles qui venaient à peine de rouvrir leurs portes après plusieurs semaines de confinement.
L'irruption du virus au sein de cette puissante entreprise familiale de Westphalie qui représente 30 % de part du marché de la viande en Allemagne pose toute une série de questions d'ordre hygiénique et éthique. S'il est prouvé que les basses températures, l'humidité et le confinement de plusieurs personnes incapables d'observer la distanciation de 1,5 m nécessaire dans les réfrigérateurs géants favorisent la propagation du coronavirus, les conditions de travail et l'hébergement extrêmement rudimentaire de la main-d'œuvre à bas prix employée par Tönnies sont sans aucun doute des facteurs déterminants supplémentaires. Beaucoup de travailleurs intérimaires sous contrat de travail rudimentaire à durée déterminée viennent des pays de l'Est, de Bulgarie, de Pologne et de Roumanie. Les logements qui leur sont alloués sont insalubres et exigus, ce qui a favorisé la propagation rapide du virus. Le Covid-19 a d'ailleurs enflammé une vieille querelle interne qui déchire la famille Tönnies depuis des années. L'oncle, Clemens Tönnies (64 ans), et le neveu, Robert Tönnies (42 ans), sont propriétaires de l'entreprise à 50 % chacun. Depuis 2017, Robert Tönnies plaide pour un changement de cap radical dans la gestion de l'entreprise. Il exige en particulier que soient abolis ces contrats qui forcent les travailleurs à accepter des conditions de travail et de logement inacceptables. Son oncle refuse obstinément. Aujourd'hui, Robert Tönnies réclame carrément la démission du patriarche. Il accuse la direction et le conseil consultatif de Tönnies d'avoir, en agissant de façon irresponsable, mis en danger l'entreprise et la population de la région.